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Organiser et évaluer le programme d’animation en Ehpad : guide pratique

Termes associés : Animation pour les personnes âgées Évaluation (méthode)

Organiser et évaluer le programme d’animation en Ehpad : guide pratique

En Ehpad, le programme d’animation est essentiel pour le bien-être des résidents. Ce guide explique comment élaborer des activités cohérentes, les adapter aux besoins de chacun et évaluer leur pertinence avec des bilans réguliers. La coordination avec l’équipe soignante, la communication et les retours des résidents assurent une animation réussie et accessible à tous.

Contexte

L’animateur en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes met en œuvre le projet d’animation, sous l’autorité du directeur. Il élabore un programme d’activités qui doit répondre quotidiennement aux besoins et aux attentes individuels et collectifs des résidents.

Il appartient au directeur d’évaluer l’activité d’animation et l’animateur pour plusieurs raisons : Le programme répond-il aux objectifs spécifiques du projet d’animation, qui découle du projet d’établissement ? La constitution du programme est-elle pertinente ? Le programme est-il accessible à l’ensemble des résidents de façon adaptée ? Y a-t-il des enquêtes de satisfaction régulières et une traçabilité des actions ? Quelle communication en est faite ?

S’assurer de la cohérence du projet d’animation avec le projet d’établissement

Définissez bien les objectifs du projet d’animation avec l’équipe soignante (psychologue, Idec, médecin coordinateur et l’animateur). Ces objectifs sont, en général, axés autour des thèmes suivants :

  • développer la réflexion, maintenir les capacités intellectuelles ;
  • provoquer des rencontres intergénérationnelles ;
  • développer l’ouverture sur l’extérieur ;
  • maintenir les facultés physiques ;
  • développer les relations entre résidents et avec l’extérieur ;
  • favoriser le maintien de l’autonomie ;
  • développer la notion de bien-être, de plaisir.

Assurez-vous que vous disposez des ressources logistiques, financières et humaines pour réaliser ce projet. Vérifiez que les familles et les résidents y adhèrent et que l’animateur le traduit par les actions suivantes :

  • viser le maintien de la forme physique et psychologique ;
  • dynamiser des temps occupationnels ;
  • encourager la créativité et l’expression des résidents ;
  • favoriser l’ouverture vers l’extérieur et la citoyenneté ;
  • restaurer les activités de consommation.

Bien évaluer les ressources de l’animateur : savoir-être et savoir-faire

Chaque établissement a sa philosophie, ses spécificités : l’existence d’un jardin aromatique, la présence d’un animal dans les lieux, une sensibilité plus particulière pour le culinaire ou encore l’ancrage renforcé dans le quartier (crèche, conservatoire de musique, école)… orienteront les opportunités d’activités.

De même, l’animateur, moteur dans la mise en place du projet, doit valoriser sa formation, ses capacités, son style et sa propre personnalité. Il peut être un bon musicien mais un piètre jardinier, avoir un talent inné pour raconter des histoires, mais être sans goût pour la décoration…

Quoi qu’il en soit, il doit pouvoir s’adapter aux centres d’intérêts des personnes âgées. Plusieurs solutions existent pour enrichir ses compétences :

  • Lui faire préparer ses activités : faire des recherches et trouver des fiches d’atelier préparées dans la presse professionnelle, échanger les pratiques avec ses collègues (groupes professionnels, forums internet).
  • Lui demander de se former ou, du moins, de s’entraîner à certaines pratiques : demander une spécialisation auprès d’un organisme de formation ou, en interne, partager les savoir-faire avec ses collègues (essai en cuisine, manucure avec une aide-soignante…).
  • Mettre en avant les compétences d’autres personnes : Chaque collègue est une mine de savoirs et peut potentiellement animer un atelier. Un intervenant spécialisé ou encore un bénévole pourra répondre à un besoin très précis.
  • L’envoyer régulièrement dans les salons professionnels, les congrès (celui annuel du GAG), l’abonner aux revues professionnelles (Animagine).

Vérifier la cohérence du programme d’animation de façon globale

Les activités choisies parmi une grande variété de domaines d’animation ont pour enjeu le plaisir et la satisfaction des résidents. Elles doivent être réparties de façon judicieuse dans le temps.

A noter

Équilibrez la périodicité pour chaque type d’animation.

Une fois listées toutes les activités réalisables en fonction du secteur géographique, des moyens financiers et des ressources humaines, il s’agit de leur trouver une récurrence qui soit pertinente :

  • À la journée : Ritualiser des rendez-vous encourage la participation des résidents, qui en prennent l’habitude. Une même activité peut être prévue tous les jours au même endroit (par exemple, le départ d’une promenade digestive ou des « jeux apéro » avant le déjeuner).
  • À la semaine : Une activité correspondant à chaque grand domaine peut être organisée pour répondre à l’ensemble des intérêts du groupe des participants. Il s’agit d’alterner des activités courtes et d’autres plus longues, en grand groupe ou en petit comité, voire en individuel.
  • Au mois ou au trimestre : Un planning d’événements plus exceptionnels est à mettre en place. L’idéal est d’avoir des mois à thèmes donnant une ambiance qui fait le lien entre les activités.

Il est recommandé de mêler les grands et les petits événements au cours d’une même période (semaine ou mois) : activités internes (jeux de cartes, tournoi de bridge, loto…), intervention de prestataires extérieurs (danses de salon, tours de chant…), excursions à l’extérieur (sorties musées, promenades) et grandes sorties (plus occasionnelles).

A noter

Il est reconnu que l’exercice physique (au moins vingt minutes par jour) pourrait avoir un effet positif non seulement sur les capacités physiques et la prévention du risque de chutes, mais aussi sur certaines capacités cognitives, certaines aptitudes fonctionnelles et certains aspects du comportement. De telles activités doivent donc être proposées quotidiennement pour compléter l’intervention des équipes soignantes qui stimulent la personne à se mobiliser.

Vérifier que l’animation proposée concerne tous les résidents, valides ou non, dépendants ou non

Une fois que la base du programme est en place, celui-ci connaîtra des remaniements permanents pour s’ajuster au mieux aux attentes et aux besoins individuels et collectifs des résidents. Voici quelques points d’adaptation à prendre en compte.

Handicap et pathologie

Beaucoup d’activités conviennent bien aux personnes âgées valides et désireuses de participer à des activités, mais la grande fréquence des handicaps liés à l’âge et/ou à des pathologies ne favorisent pas l’accès aux activités.

Un certain nombre d’objectifs doivent alors être visés :

  • prendre en compte les troubles sensoriels ;
  • favoriser la concentration par un environnement propice ;
  • faire évoluer l’activité en fonction des ressources de la personne ou du groupe, la simplifier ;
  • décomposer en consignes simples, précises ;
  • mettre en œuvre une seule occupation à la fois ;
  • tenir compte de la fatigabilité, prévoir des activités de courte durée (quinze à vingt minutes) ou ménager des temps de repos.

Le projet d’animation pour les Pasa et UHR

Un exemple concret d’adaptation de l’animation apparaît dans le cadre spécifique des personnes souffrant de maladie d’Alzheimer ou de troubles apparentés, pour lesquelles le plan Alzheimer préconise l’ouverture de pôles d’activités et de soins adaptés (Pasa) ou d’unités d’hébergement renforcé (UHR).

Le projet d’animation sera alors coordonné en lien avec l’animateur par du personnel qualifié pour ces pathologies (psychologue, ergothérapeute, assistant de soins en gérontologie) et visera les objectifs suivants :

  • Maintenir l’autonomie : Il s’agit de privilégier le plaisir de faire avec ses capacités restantes sous la forme d’ateliers « vie quotidienne », corporels, créatifs ou de sorties.
  • Lutter contre la diminution des liens sociaux : Cela signifie rompre la monotonie du quotidien et sortir la personne d’un isolement lié à ses difficultés de communication.
  • Améliorer le bien-être : Préserver la dignité et l’identité de la personne est essentiel et passe par la valorisation de ses ressources. Il faut établir un contexte propice à la réappropriation du plaisir, du désir de faire et des émotions, mais également positiver l’image de soi et le sentiment d’utilité.

A noter

Parmi de nombreuses activités à effet thérapeutique, celles reconnues pour répondre à ces objectifs sont les activités de la vie quotidienne. Ce sont des activités telles que faire le ménage, plier du linge, préparer la table, servir le repas ou faire la vaisselle, qui sont fortement ancrées dans les habitudes et que tout un chacun a forcément pratiquées.

Ces activités permettent de restaurer les sentiments d’efficacité personnelle et de contrôle. Les personnes sont une grande source de savoir et de savoir-faire : choisir des légumes, préparer un repas, ramasser les feuilles…, c’est se sentir utile et donc exister.

En définitive, et quel que soit le résident, le pari du projet d’animation est de concilier un système d’animation qui reste la plupart du temps collectif avec la démarche de répondre aux projets de vie personnalisés.

Vérifier la bonne communication autour du programme d’animation

Pour que le programme d’animation touche les personnes ciblées par chaque activité et se diffuse le plus largement possible, l’animateur doit consacrer du temps afin d’organiser une stratégie de communication.

En interne

Faites un affichage clair prenant en compte les handicaps sensoriels : dans l’ascenseur à hauteur de fauteuil, sur des panneaux dans l’entrée, écrits en grosses lettres. Le planning peut être distribué dans les boîtes aux lettres, également annoncé au repas du midi. À destination de l’équipe d’étage, la liste des personnes à accompagner s’avère pratique pour motiver les personnes non autonomes à venir.

Remarque

Prenez l’habitude de faire valider le planning par l’équipe, qui sera un excellent relais de communication. Cette démarche sensibilise chaque salarié, qui saura avertir les résidents et éventuellement les inscrire aux activités.

En externe

A noter

Inviter les familles dans le courrier du mois et ouvrir certaines activités aux personnes âgées du quartier sert à dynamiser la vie de la maison.

La presse locale peut être concernée par une fête de la résidence (la fête des voisins, par exemple). N’hésitez pas à l’inviter et à faire rédiger par l’animateur un communiqué de presse.

La mairie de votre ville, dont un représentant fait partie du CVS, sera informée des grands événements et invitée chaque fois que possible : centenaires, Nouvel An, semaine bleue. Vérifiez bien que l’animateur dispose de tous les contacts.

Faire réaliser des enquêtes de satisfaction, des bilans qualitatifs et quantitatifs

Pour chaque activité, il est important d’établir un tableau de bord (cf. exemple 1 ci-dessous) qui recensera :

  • le nombre de résidents présents ;
  • la qualité des résidents (pathologies ou non) ;
  • l’animateur de l’atelier (prestataires, AS…) ;
  • l’objet de l’activité.
Exemple 1
Objectifs : dynamiser les temps occupationnels Résidents concernés Activités du 15/05/2012 Commentaires
Prestataire : Monique (chant) Nombre et qualité

La commission « animation » offre l’occasion d’avoir un retour direct de la part des résidents. L’équipe de direction ou le personnel d’étage peut aussi proposer des suggestions (cf. exemple 2).

Exemple 2
Objectifs : dynamiser les temps occupationnels Résidents concernés Activités du mois de mai 2012 Bilan de satisfaction
Épluchage de légumes
Tricot
Chant		 Nombre et qualité Dates (à préciser) 80 % satisfaits
15 % indécis
5 % NSP

Notre conseil

Si vous estimez que l’animation et l’animateur ne répondent pas tout à fait à vos exigences, posez-vous les questions suivantes :

  • Quelle place accordez-vous à l’animation dans votre établissement ? L’animateur fait partie d’une équipe, sa participation régulière aux réunions est le moyen de fédérer tous les professionnels autour du projet d’animation.
  • Comment communiquez-vous les objectifs de l’activité d’animation à l’équipe ?
  • Quelle motivation donnez-vous à l’équipe soignante, aux ASH, aux infirmières pour qu’elles se sentent concernées par le projet d’animation et qu’elles y collaborent ?

Évitez les erreurs

Ne proposez pas toujours les activités aux mêmes résidents : l’animation doit se montrer accessible à tous et prendre le temps d’encourager les personnes à participer, ce qui est partie prenante de la démarche du projet d’animation.

Ne persévérez pas dans une activité qui semble ne plus fonctionner : une fois constaté sa faible attractivité, il ne faut pas hésiter à mettre en place une autre proposition. De ce point de vue, l’animateur doit procéder à des bilans réguliers.

N’oubliez pas que l’animateur ne peut tout faire seul : des prestataires extérieurs, des bénévoles et l’équipe interne sont partie prenante de l’activité.

FAQ sur le programme d’animation en Ehpad 

Pourquoi est-il important de lier le programme d’animation au projet d’établissement ?

Cela garantit que les activités répondent aux besoins des résidents, favorisant leur bien-être et renforçant les liens sociaux et l’autonomie, en cohérence avec les valeurs de l’établissement.

Comment l’animateur peut-il adapter les activités aux intérêts des résidents ?

L’animateur peut explorer de nouvelles pratiques, s’inspirer de collègues ou inviter des intervenants spécialisés pour répondre aux préférences variées des résidents.

Quelles activités conviennent aux résidents atteints de troubles cognitifs ?

Des activités du quotidien comme le pliage de linge ou des ateliers corporels renforcent l’autonomie et offrent un effet thérapeutique, favorisant bien-être et dignité.

Comment mesurer la satisfaction des résidents envers le programme d’animation ?

En réalisant des bilans mensuels, l’animateur recueille des données sur la participation et la satisfaction, ajustant le programme en fonction des retours.

Comment garantir la communication autour des activités proposées ?

Une communication claire et adaptée (affichages visibles, annonces pendant les repas) ainsi que l’implication des équipes assurent une large diffusion du programme.

Aller plus loin

Bibliographie

  • HERVY Bernard, HARTWEG Claire, OLLIVIER Dominique, POINT Dominique (équipe d’animation de l’hôpital Broca), « L’animation s’évalue-t-elle ? », Gérontologie et Société, n° 96, mars 2001
  • HERVY Bernard et VERCAUTEREN Richard, L’Animation dans les établissements pour personnes âgées. Manuel des pratiques professionnelles, Éditions Érès, coll. « Pratiques gérontologiques », Ramonville-Saint-Agne, 2002
  • Recommandations de bonnes pratiques. Maladie d’Alzheimer et maladies apparentées : diagnostic et prise en charge, Haute Autorité de santé (HAS), décembre 2011
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