Partie 3 - Le CCAS/CIAS animateur du projet social local
Chapitre 6 - Les pratiques participatives des CCAS/CIAS
3.6/6 - Les pratiques à l’oeuvre : les artisans de la participation
Les chapitres précédents ont montré la nécessité de recourir à des tiers pour penser et animer certains dispositifs, ce que la publication déjà citée du CEDIS-ADELS formule ainsi :
La dimension d'inclusion sociale que contient le concept de démocratie participative oblige à penser un acte public plus discret, plus long et plus exigeant, confiant à un intermédiaire, jouant le rôle de passeur, la mission de rendre possible un espace interstitiel de reconnaissance mutuelle. Ce lieu symbolique n'est pas que virtuel et peut prendre la forme très concrète d'un contrat avec les associations d'éducation populaire de sauvegarde de l'enfance et de l'adolescence ou d'accompagnement des précairesDémocratie participative locale, CEDIS-ADELS, coll. « Les pratiques » no 6, 2007, p. 31.
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Marion Carrel, sociologue, a forgé le concept d'artisans de la participation après avoir, pour sa thèse de doctorat, comparé sept pratiques différentes d'acteurs sociaux qui interviennent en position de tiers entre des groupes d'habitants et des commanditaires. Elle convoque alors la notion d'artisan, en référence à une pratique à hauteur d'hommes et de femmes, pratique ancrée dans un faire ensemble qui vise la transformation des choses. Ces acteurs sociaux, qui ont développé au fil des années une pratique qui leur est propre, Marion Carrel propose donc de les appeler artisans de la participation, car ils « présentent cinq caractéristiques particulières » :
Premièrement, ils interviennent temporairement sur un territoire, pendant une durée qui peut varier de quelques jours à plusieurs années (...).
Deuxièmement, ils revendiquent le souci de faire entendre les “sans voix” – pauvres, chômeurs, étrangers, jeunes, immigrés, mères de famille, non-diplômés, en somme la majorité des habitants des quartiers d'habitat social – dans les débats publics et de faire évoluer les représentations sociales stigmatisantes qui pèsent sur eux.
Troisièmement, ils rejettent les modes traditionnels d'expertise (...) “par le haut”. Ils disent ne pas chercher à évaluer eux-mêmes la réalité sociale mais à mettre les bénéficiaires et les prestataires de politiques sociales en situation de coproduire cette évaluation. Cette façon de faire est, selon eux, beaucoup plus riche en termes de déclenchement d'initiatives (...) mais aussi de transformations dans le mode de prise en charge des bénéficiaires.
Quatrièmement, l'ingénierie participative qu'ils mettent en place est de l'ordre de la concertation (...). L'objectif des artisans de la participation est de favoriser...