Contexte
À une échelle historique récente, on peut considérer que la prise en compte du handicap mental a connu, en France, trois périodes distinctes.
Avant 1945, on considérait les personnes atteintes comme des « arriérés mentaux » qu’on se contentait de « garder », bien que quelques médecins aient, dès le XIXe siècle, préconisé une approche éducative pour permettre leur évolution.
De 1945 à 1975, on s’est surtout intéressé à l’enfance inadaptée et beaucoup moins au sort des adultes concernés, si ce n’est en cherchant à soulager leur souffrance quand celle-ci était manifeste. En 1945, les lois sur la famille, favorisant la prise en charge des enfants atteints, ont permis la création d’un grand nombre d’institutions médico-légales.
Puis la loi du 30 juin 1975 a introduit la notion de solidarité nationale et a consacré les droits de la personne handicapée avec la création d’organismes tels que les CDES (Commissions départementales de l’éducation spéciale), les Cotorep (Commissions techniques d’orientation et de reclassement professionnel) et des structures d’accueil dont les MAS.
La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, se compose de 101 articles et de plus de 80 textes d’application. Elle précise les missions d’accueil, d’information, d’accompagnement et de conseil des personnes handicapées et de leur famille. Plus généralement, elle traite de la sensibilisation de tous les citoyens au handicap.
Sur le plan thérapeutique, de nombreuses recherches et expériences tendent aujourd’hui à développer des solutions alternatives aux hébergements fermés, privilégiant, chaque fois que cela est possible, le maintien dans la famille (s’inspirant en partie des mesures et aides favorisant le maintien au domicile des personnes âgées en perte d’autonomie), les résidences ouvertes ou encore des foyers mixtes où vivent ensemble des hommes et des femmes avec et sans handicap mental qui tentent de partager des relations « humaines », plus que de soignants à soignés ou de « normaux » à « déficients ».
Par ailleurs, un nouveau regard sur la particularité mentale se développe, qui postule que le « pathologique » aide à mieux comprendre la « normalité », se souvenant que le « monstre », pour inquiétant qu’il soit et au-delà de ses excès, est ce qui montre, souligne, révèle. Envisagé sous cet angle, le handicap mental est ce qui nous questionne sur nos classifications culturelles et sociales et notre perception de la normalité.