Un statut de l’élu étudiant pour favoriser l’engagement politique de la jeunesse

Publiée aujourd'hui à 14h45 - par

La loi doit évoluer pour permettre le renouvellement démocratique entre les générations et créer un statut de l'élu étudiant. Telle est la demande de Florent Rossi, Président de l'Association des jeunes élus de France (AJEF) et adjoint au maire d'Auribeau-sur-Siagne (Alpes-Maritimes). Une préconisation reprise dans la proposition de loi sénatoriale sur le statut de l'élu, adoptée à l'unanimité par la Haute assemblée le 7 mars 2024 et qui devrait arriver a priori prochainement en discussion à l'Assemblée nationale.
Un statut de l'élu étudiant pour favoriser l'engagement politique de la jeunesse
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Les jeunes s’engagent-ils moins ? Si l’idée générale tend à faire croire que les jeunes se désintéressent de la vie publique et politique, ils se tournent en réalité vers de nouvelles formes d’engagement. Les associations, les ONG ou encore les réseaux sociaux sont des structures privilégiées aujourd’hui, en raison de la perte d’attractivité du mandat électif. Selon la Fondation Jean Jaurès, en 2021, 80 % des jeunes âgés de 18 à 24 ans considéraient que le milieu associatif est l’un des moyens les plus efficaces de s’engager.

Renouvellement démocratique entre les générations

Pourtant, un mandat d’élu local est un magnifique engagement et une expérience de vie : pour nos idées, pour nos concitoyens, pour la vie de la collectivité et ce qui l’accompagne. S’il n’est pas un absolu, il faut favoriser son accessibilité aux jeunes, au risque que ceux-ci continuent de s’en détourner !
L’Association des jeunes élus de France (AJEF) considère qu’il doit être plus facile pour les étudiants de concilier leur mandat et leurs études supérieures. Les textes législatifs et réglementaires doivent évoluer pour permettre le renouvellement démocratique entre les générations. Notre association relance son appel à la création d’un statut de l’élu étudiant pour reconnaître et valoriser l’engagement de la jeunesse.

Pouvoir concilier études et mandat

La valorisation de l’engagement au service de la cité, par le biais d’un mandat électif local, doit être mise en place par la création d’un statut de l’élu étudiant. À l’instar d’un étudiant sportif de haut niveau, d’un étudiant engagé au sein du conseil universitaire ou d’une convocation au permis de conduire, ce statut reconnaîtrait, pour les élus en situation d’études supérieures, les convocations à un conseil municipal, départemental ou régional, ainsi qu’à toute commission affiliée, comme des motifs d’absence valables à l’université.
Ce statut garantirait des aménagements d’emploi du temps pour les étudiants élus locaux, leur permettant de concilier études et mandat. Cela inclurait des dispenses d’assiduité, des régimes d’examens adaptés et la possibilité de rattraper les cours manqués. En outre, la prise en charge des frais de transport entre le lieu d’élection et celui d’études serait clarifiée, réduisant les contraintes financières et facilitant leur mobilité. Ces mesures visent à encourager l’engagement des jeunes dans la vie publique tout en allégeant la pression liée à leurs responsabilités.
Les compétences développées dans l’exercice d’un mandat pourraient être reconnues dans le parcours académique. Ces propositions s’inscrivent en soutien à l’implication des jeunes dans la démocratie locale.

La visioconférence dans les assemblées délibérantes locales

Le statut de l’élu étudiant n’est pas la seule réforme nécessaire pour la bonne efficacité dans l’exercice de notre mandat. L’AJEF défend également l’autorisation et l’usage de la visioconférence dans les assemblées délibérantes locales. Cet outil nous paraît désormais incontournable. En 2025, son utilisation dans les organismes publics et privés est massive. En 2025, les collectivités locales ne sont pas vouées à se fossiliser !
Si notre association ne souhaite pas imposer la visioconférence, elle préconise néanmoins la possibilité d’y recourir avec des règles strictes et claires, à l’image de la limitation du nombre d’élus autorisés à l’utiliser ou encore avec la fixation d’un nombre de sessions par mandat. Notre proposition a pour objectif premier de faciliter l’exercice du mandat d’élu, sans effacer l’interaction physique indispensable aux débats démocratiques.

Une formation obligatoire pour tous les primo-élus

Notre organisation plaide également pour la mise en place d’une formation obligatoire pour tous les primo-élus, une formation qui bénéficierait de facto aux jeunes afin de leur permettre d’acquérir les fondamentaux nécessaires. Le fonctionnement d’une collectivité, la prévention des risques ou encore la compréhension d’un budget nous paraissent être des bases indispensables pour exercer son mandat sereinement.
En complément, nous suggérons une refonte du droit individuel à la formation des élus, afin de mieux répondre aux besoins de formations spécifiques des jeunes élus, par le biais d’une libération du plafond actuel avec la possibilité de cumuler des crédits.
La création d’un statut de l’élu étudiant ainsi que la mise en œuvre de réformes adaptées sont des étapes nécessaires pour encourager la jeunesse à s’engager pleinement dans la vie publique et politique. Apporter une réponse aux contraintes d’exercice des mandats tout en offrant un soutien concret aux jeunes élus, c’est promouvoir une culture citoyenne forte et garantir une démocratie vivante et pérenne !

Florent Rossi et l’équipe du conseil d’administration de l’AJEF