Le directeur médical de crise, un acteur clé lors de situations sanitaires exceptionnelles

Publiée le 6 février 2025 à 9h30 - par

À Mayotte, le passage du cyclone Chido a mis en exergue le rôle déterminant du directeur médical de crise (DMC) dans la coordination de la réponse hospitalière en situation d'urgence. Cette fonction récente s'impose comme un levier stratégique de la gestion des crises sanitaires, en articulation étroite avec la direction des établissements de santé. Dans sa tribune, Alain Philibert, directeur d'hôpital honoraire, souligne une évolution structurante de l'organisation hospitalière face aux situations sanitaires exceptionnelles.
Le directeur médical de crise, un acteur clé lors de situations sanitaires exceptionnelles

L’actualité a récemment mis en lumière le rôle de premier plan du directeur médical de crise (DMC) lors du passage du cyclone Chido sur Mayotte. À cette occasion, le CH de Mamoudzou a été le seul recours hospitalier immédiat avant l’arrivée des renforts. Une situation qui rappelle d’autres crises sanitaires, comme celle du CHU de la Guadeloupe après l’incendie de 2017.
L’instauration de la fonction de directeur médical de crise (DMC), créée en 2019 et confirmée en 2024, s’inscrit dans une volonté d’optimiser la réponse hospitalière aux situations sanitaires exceptionnelles (SSE). Jusqu’alors, l’organisation médicale en cas de crise reposait sur le président de la Commission médicale d’établissement (PCME), une position intermédiaire et peu encadrée. L’émergence du directeur médical de crise (DMC) apporte une expertise spécifique, essentielle dans la gestion de ces crises.

Une réponse structurée aux situations d’urgence

L’évolution des menaces, notamment le terrorisme, a conduit les autorités à renforcer les dispositifs hospitaliers de crise. Le plan ORSAN, adopté en 2014 et précisé en 2016, impose aux établissements d’identifier un médecin référent SSE. Le directeur médical de crise (DMC), médecin formé et désigné, devient alors l’interlocuteur unique du SAMU et des autorités médicales extérieures en cas d’événement majeur.
Ses missions sont multiples : le pilotage de la réponse médicale, l’activation du dispositif AMAVI en cas d’afflux massif de victimes, la coordination des moyens humains et logistiques. Si, en droit, la gestion des tensions hospitalières relève du chef d’établissement, l’efficacité de la réponse médicale impose une collaboration étroite entre le directeur médical de crise (DMC), le directeur et le PCME.

Un binôme stratégique avec la direction hospitalière

L’intégration de cette fonction a parfois été perçue comme une remise en cause des prérogatives des directeurs d’établissement. Toutefois, la crise sanitaire de 2019-2020 a démontré l’absolue nécessité de disposer d’un DMC compétent et réactif. Face à l’urgence, les établissements ont dû s’adapter rapidement et tirer parti de cette nouvelle organisation.
Au-delà de son rôle en temps de crise, le directeur médical de crise (DMC) contribue également à la préparation des établissements aux SSE (plans blancs, continuité d’activité). Sa sélection doit être rigoureuse : il doit être reconnu par ses pairs, savoir mobiliser les équipes et être formé à la gestion de crise. La question de son remplacement en cas d’indisponibilité reste un défi, justifiant la mise en place d’une équipe de soutien.

La collaboration entre le directeur médical de crise (DMC) et le directeur hospitalier est déterminante pour garantir une gestion efficace des crises. L’expérience montre ainsi qu’un binôme solide, associé au PCME, est la clé d’une organisation hospitalière résiliente face aux événements exceptionnels.

Alain Philibert, Directeur d’hôpital honoraire et Expert auprès de l’ANAP (Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux)

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