En clôture des Assises de la pédiatrie et de la santé des enfants, le ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention a dévoilé, le 24 mai 2024, la feuille de route Pédiatrie et santé de l’enfant 2024-2030. « Cette feuille de route va au-delà de l’ensemble des mesures présentées : elle est le début d’un engagement renouvelé envers nos enfants, leurs familles, et nos soignants », assure Frédéric Valletoux. « Véritable tournant dans notre approche de la santé des plus jeunes », dixit le ministre, la feuille de route s’articule « autour de quatre axes essentiels qui définiront l’avenir de notre action : l’accélération du virage préventif ; l’amélioration de la prise en charge sanitaire des enfants ; la préservation de la santé mentale des jeunes ; et l’accélération de la recherche et de l’innovation en santé de l’enfant. »
Les quatre axes de la feuille de route 2024-2030 se déclinent en 16 objectifs.
Axe 1 : Investir durablement dans la prévention auprès des parents, des enfants et adolescents
- Objectif 1 : Renforcer les actions de prévention à destination des parents
Le gouvernement veut passer d’un système français historiquement tourné vers le « tout curatif » à la mise en place d’une véritable « société de la prévention ».
- Objectif 2 : Faire de l’enfant un acteur de sa santé : renforcer les compétences et les comportements vertueux à travers l’éducation
Au programme : un plan d’action pour favoriser une bonne hygiène de sommeil des enfants ; généraliser les cours d’empathie dans le premier degré à la rentrée scolaire 2024 ; agir résolument pour lutter contre le surpoids et prévenir l’obésité dès le plus jeune âge ; établir une feuille de route afin de prévenir l’exposition aux écrans pour les enfants de moins de 6 ans ; favoriser les comportements préventifs en matière de sexualité et améliorer la prévention face aux maladies sexuellement transmissibles ; mettre en œuvre d’ici fin 2024 l’interdiction de fumer aux abords des lieux fréquentés par des enfants.
- Objectif 3 : Renforcer le suivi médical des enfants pour mieux repérer et dépister afin de favoriser des prises en charge rapides et adaptées
Le gouvernement entend, notamment, augmenter le nombre de maladies dépistées dans le cadre du programme national de dépistage néonatal et atteindre, d’ici 2027, 100 % d’enfants bénéficiant d’un dépistage en maternelle grâce à l’action conjointe et coordonnée des PMI, de l’Éducation nationale et de l’assurance-maladie, en lien avec les professionnels libéraux. Autre ambition : faire naître une « génération sans carie ».
- Objectif 4 : Transformer la santé scolaire pour améliorer les politiques de prévention
D’ici la fin de ce mois de juin, le gouvernement va engager une concertation sur les ambitions de la santé scolaire au bénéfice de tous les élèves, les missions confiées aux différents acteurs de la santé au sein de l’Éducation nationale et sur l’organisation du service pour formuler des propositions concrètes à la ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse à l’automne 2024.
- Objectif 5 : Poursuivre et amplifier la démarche des 1 000 premiers jours
La stratégie 1 000 jours sera renouvelée autour de quatre axes.
- Objectif 6 : Renforcer les PMI
Le ministère de la Santé et de la Prévention promet de réaffirmer le rôle et de renforcer les moyens des PMI.
Axe 2 : Améliorer l’organisation et la prise en charge sanitaire des jeunes
- Objectif 7 : Améliorer l’accès aux soins non programmés et optimiser le recours aux services d’urgence
Une campagne de communication sera lancée sur le bon usage du système de santé et le recours au service d’accès aux soins (SAS), pour permettre notamment aux parents de trouver une réponse adaptée au besoin de santé non programmé de leur enfant. Il s’agira également de mieux reconnaître la spécificité de la prise en charge des enfants aux urgences dans le cadre du financement de ces structures.
- Objectif 8 : Organiser des parcours hospitaliers adaptés aux besoins des enfants
Un groupe de travail sera lancé pour reconnaître une filière de soins pédiatriques hautement spécialisés. Le gouvernement prévoit également de développer l’hospitalisation à domicile (HAD) en pédiatrie. À l’horizon 2027, l’objectif est de prendre en charge 10 000 enfants de moins de 3 ans et 4 000 enfants de 4 à 17 ans.
- Objectif 9 : Améliorer et sécuriser la prise en charge néonatale, dans l’objectif « zéro séparation » entre les enfants hospitalisés et leurs parents
Dès ce mois de juin, le ministère va ouvrir des travaux visant à faire évoluer le cadre réglementaire des activités de néonatologie, de soins intensifs de néonatologie et de réanimation néonatale.
- Objectif 10 : Améliorer l’accès aux soins pour les enfants victimes de violence et protégés
Le gouvernement va poursuivre le déploiement et le renforcement des Unités d’accueil pédiatrique enfants en danger (UAPED) pour mieux évaluer, de manière pluridisciplinaire, les violences subies par les enfants. L’objectif est de 164 UAPED au total à l’horizon 2025, soit une par juridiction, afin d’assurer une prise en charge de proximité des mineurs victimes. Une mission d’évaluation de la gouvernance et du pilotage de ces dispositifs interministériels sera lancée pour garantir le suivi multidisciplinaire du dispositif dans les territoires, organiser le partage des bonnes pratiques et favoriser la maturité des structures. Autre mesure annoncée : la mise en place, en 2025, d’un dispositif de coordination du parcours de soins des enfants confiés à l’aide sociale à l’enfance (ASE) sur l’ensemble du territoire.
- Objectif 11 : Mettre fin au renoncement aux soins primaires des enfants en situation de handicap
- Objectif 12 : Former mieux et former davantage de professionnels à la santé de l’enfant
Le ministère veut accroître de 50 % le nombre de places en formation en médecine pédiatrique d’ici à 2030 pour atteindre 600 places par an.
Axe 3 : Améliorer plus spécifiquement la prise en charge et la réponse en matière de santé mentale des enfants et adolescents
- Objectif 13 : Renforcer les Maisons des adolescents (MDA), pour en faire une ressource d’expertise sur tous les territoires
Le gouvernement souhaite travailler au renforcement des MDA qui représentent, au regard du maillage, un levier pour la prévention et la prise en charge de la santé mentale des adolescents, en complément des actions menées par les professionnels de santé de l’Éducation nationale.
- Objectif 14 : Améliorer la réponse en pédopsychiatrie à travers le renforcement de l’offre en ambulatoire et en hospitalisation, notamment en post-urgence
Axe 4 : Faire de la France une nation leader dans la recherche et l’innovation en pédiatrie et santé de l’enfant
- Objectif 15 : Améliorer nos connaissances de la santé de l’enfant à travers la collecte de données thématiques de routine
- Objectif 16 : Investir dans les études et programmes de recherche
La mise en œuvre de cette feuille de route s’appuiera sur une gouvernance à deux niveaux, national et local, précise le ministère délégué chargé de la Santé et de la Prévention. Le pilotage d’ensemble au niveau national sera confié au Comité de pilotage Santé de l’enfant, placé sous l’égide de la ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles et du ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention. Localement, sous l’égide de l’ARS, la déclinaison au plus près des territoires sera réalisée en associant les acteurs de proximité dans un Conseil territorial de santé thématique rassemblant, notamment, Éducation nationale, élus locaux, acteurs de la petite enfance et acteurs du sanitaire.