Les travaux de ce conseil, qui réunit notamment autorités sanitaires, professionnels, élus et représentants d’usagers, « devaient inclure des ateliers, des contributions écrites notamment par des associations d’élus, qui ne peuvent pas se tenir dans le contexte des élections » provoquées par la dissolution de l’Assemblée nationale, a précisé le ministère délégué à la Santé. « Pour un sujet aussi important que la santé mentale des Français, le ministère ne souhaite pas maintenir un CNR qui ne pourra pas se dérouler dans de bonnes conditions », poursuit-il.
Le ministre délégué à la Santé Frédéric Valletoux a par ailleurs annoncé, sur son compte Instagram, être candidat à sa réélection dans la deuxième circonscription de Seine-et-Marne.
Les CNR se veulent une nouvelle méthode de concertation entre État, collectivités, syndicats et associations. Ils sont issus d’une promesse d’Emmanuel Macron pendant la campagne des élections législatives 2022.
Le CNR de la santé mentale avait été annoncé par M. Macron en septembre 2023. Prévu pour se tenir en juin et juillet, il devait permettre « d’apporter des réponses innovantes », notamment face à la crise de la psychiatrie et la hausse de la prévalence des troubles psychiatriques. Selon le ministère, il sera « reprogrammé » ultérieurement.
Dans une « étude stratégique », devant servir de « contribution » au CNR et consultée par l’AFP, le Haut-Commissariat au plan plaide pour un « plan d’action ambitieux » associant prévention, formation repensée et refonte des parcours de soins.
Les troubles psychiques touchent une personne sur trois au cours de leur vie et deux millions de Français sont pris en charge en psychiatrie chaque année, selon cette note. Avant la pandémie de Covid-19, 13,5 % des Français présentaient des états anxieux. Cette prévalence a « doublé » pendant la crise sanitaire pour s’établir à 27 % en mars-avril 2020 et atteignait toujours 23 % en octobre-novembre 2023, observe le Haut-Commissariat.
« Avec un coût global de plus de 25 milliards d’euros en 2021, les maladies psychiatriques et traitements par psychotropes constituent le premier poste de dépenses de l’Assurance maladie », devant les cancers et les maladies cardio-vasculaires, pointe-t-il. Mais l’organisation du système de soins « paraît à bout de souffle », ajoute le Haut-Commissariat, qui déplore le manque d’attractivité des carrières ou la mauvaise répartition des psychiatres. Le parcours de soins est « peu fluide », estime-t-il, regrettant le « faible adressage du généraliste vers le psychiatre » et le recours trop systématique aux « solutions médicamenteuses ».
Entre autres recommandations, il appelle à « repenser » la formation, pour donner au psychiatre une « mission de coordination » entre des équipes soignantes et médico-sociales, qui intégrerait mieux les psychologues. Il préconise aussi de renforcer la formation des généralistes ou de former divers « acteurs clés » non-soignants, comme les enseignants ou policiers.
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