Une situation paradoxale comme le souligne l’AP-HP dans un communiqué en date du 14 janvier 2025. En effet, l’activité des hôpitaux publics franciliens a repris grâce notamment à la politique de ressources humaines menée par l’AP-HP.
600 lits réouverts
Ainsi, l’AP-HP a pu reconstituer entre octobre 2022 et octobre 2024 plus de la moitié de ses effectifs infirmiers manquants et rouvrir plus de 600 lits, soit l’équivalent d’un hôpital comme Saint-Antoine situé dans l’Est de Paris. Ce résultat est dû à la nouvelle stratégie mise en œuvre en 2022, articulée autour de « 30 leviers pour agir ensemble », « dont l’objectif central est d’attirer et fidéliser les personnels soignants, pour permettre une réouverture des capacités de soins », précise l’AP-HP.
Pour autant, malgré cette relance de l’activité, l’AP-HP explique qu’elle est « au milieu du gué » en termes de ressources humaines : de fortes difficultés persistent dans certaines filières de soin (par exemple : gériatrie, psychiatrie, hématologie ou encore neurologie) qui restent marquées par le manque de personnel paramédical ; des tensions fortes demeurent par ailleurs s’agissant des manipulateurs en électroradiologie (MERM), des infirmiers de bloc opératoire ou encore des préparateurs en pharmacie (PPH).
Des charges plus lourdes
En outre, trois grandes causes sont à l’origine de l’aggravation du déficit. La première est « un alourdissement structurel des charges des CHU », du fait de l’insuffisante compensation des augmentations de rémunérations décidées dans le cadre du Ségur de la santé et de ses mesures complémentaires, et de l’inflation de 2022 et 2023 qui « a renchéri tous les achats de biens et services ». Au total, ce sont 121 M€ de charges supplémentaires qui ont été mises à la charge de l’AP-HP pour la seule année 2024.
Deuxième raison : une divergence entre les dépenses de masse salariale dont en particulier les moyens de remplacement (intérim, heures supplémentaires) et les recettes d’activité. Un écart qui représente 20 M€. « Face à ce constat, un dispositif de maîtrise renforcé a été mis en place dès le mois de juin, ce qui a permis de freiner le dépassement sans l’annuler toutefois », relève l’AP-HP.
Enfin, le creusement du déficit est dû à hauteur de 23 M€ à un alourdissement des charges d’amortissement réelles par rapport aux prévisions. Une part plus importante a en effet été consacrée aux équipements (qui s’amortissent sur une durée plus courte) plutôt qu’aux travaux lourds, à crédits d’investissement constants.
Effort de performance
Dans ce contexte et afin d’éviter une dégradation trop importante de sa capacité d’autofinancement et préserver ainsi au maximum sa trajectoire d’investissement, l’AP-HP annonce vouloir réduire son déficit de 103 M€ en 2025, et d’atteindre ainsi un résultat de – 358 M€ en 2025. « Cela nécessitera un effort de performance interne particulièrement important », n’hésite pas à déclarer l’AP-HP. Concrètement, cela se traduira par le maintien de la stratégie de ressources humaines avec une augmentation de 1 040 ETP (équivalents temps plein) des emplois non médicaux dont 600 infirmiers et infirmiers spécialisés, 100 aides-soignants et 115 autres soignants exerçant des métiers en tension (manipulateurs en électroradiologie médicale, préparateurs en pharmacie, etc.). L’AP-HP prévoit également la réouverture de 500 lits physiques en 2025, dont 330 en médecine-chirurgie-obstétrique (MCO), l’accroissement des efforts de performance interne autour du codage, de la facturation et de la sobriété énergétique (121 M€ de gain en 2025) ainsi que le maintien d’un « haut niveau d’investissement avec 650 M€ de crédits prévus ».
Cependant, l’AP-HP souhaite élaborer un nouveau plan global de financement pluriannuel (PGFP) d’ici fin juin 2025 pour assurer la soutenabilité de sa dette et de son plan pluriannuel d’investissement car « l’alourdissement structurel de ses charges constaté lors des années 2023 à 2025 conduit inexorablement à décaler dans le temps sa trajectoire de retour à l’équilibre ».
Magali Clausener