Le directeur de cabinet du ministre de la Fonction publique Laurent Marcangeli, Arnaud Lacaze, a reçu les huit organisations syndicales de la fonction publique le 18 mars, pour faire le point sur différents sujets qui fâchent, dont le gel du point d’indice qui doit être maintenu en 2025. La réunion du 18 mars avait notamment pour objet d’établir un agenda social (le programme de discussions avec les syndicats représentatifs dans les prochains mois, son contenu et sa méthode). Résultat : le ministre ne « ferme pas la porte » à une négociation salariale l’an prochain, en fonction de différents facteurs : son ciblage et sa portée, la préparation d’ensemble du budget 2026 et son cadrage… Aucun sujet abordé par les syndicats n’a été exclu, précise le service de presse du ministère de la Fonction publique qui signale aussi qu’Arnaud Lacaze a insisté d’emblée sur la nécessité d’introduire dans les travaux une approche de plus long terme (fonction publique 2025 et logique pluriannuelle), de travailler à la transformation des métiers par l’intelligence artificielle (IA) et rappelé « la réalité du contexte budgétaire ».
Un agenda social amendé d’ici le 28 mars
Le directeur de cabinet du ministre s’est engagé à renvoyer d’ici le 28 mars (« sous dix jours ») une version amendée de l’agenda social, qui prendra en compte les échanges « très nourris » de la réunion, avec la tenue des premiers groupes de travail thématiques dès le mois d’avril.
Reçu par Public Sénat le 20 mars, Laurent Marcangeli a promis d’entamer rapidement des discussions avec les syndicats de la fonction publique et les partenaires sociaux sur les rémunérations. Il a confirmé que la valeur du point d’indice restera gelée en 2025, mais elle pourrait être revue en 2026, à la suite d’échanges avec les organisations syndicales et les partenaires sociaux, en vue de la préparation du budget qui sera présenté à l’automne.
Mais pour les organisations syndicales, il faudrait que la porte s’ouvre dès maintenant… Malgré ces tentatives d’apaisement, certains syndicats continuent à demander que le traitement des agents soit revalorisé dès maintenant. Les organisations syndicales CGT, UNSA, FSU et Solidaires « refusent que les services publics, la Fonction publique, les agents publics soient sacrifiés sous le joug de contraintes budgétaires » liées à l’adoption d’une possible « économie de guerre » sur le dos des personnels et des usagers. Et appellent à une mobilisation des agents le 3 avril 2025.
Gel du point d’indice et dégradation des conditions de rémunération des agents publics
Dans une lettre au ministre, le 18 mars 2025, les huit syndicats représentatifs faisaient le catalogue de leurs griefs pour 2025 : nouvelle dégradation du pouvoir d’achat des agents (poursuite du gel de la valeur du point d’indice, non-versement de la garantie individuelle du pouvoir d’achat – GIPA comme en 2024, absence de refonte de la grille indiciaire, inégalités salariales persistantes entre les femmes et les hommes…) ; réduction de 10 % de la rémunération des jours d’arrêts maladie, baisses de crédits alloués au financement des politiques d’action sociale, mais aussi « confirmation du recul social que constitue la fixation à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite ». Rappelons que les régimes de retraite des agents publics sont discutés dans un cadre spécifique — le « conclave ». Trois syndicats (CGT, Force ouvrière et Solidaires) avaient refusé de participer à une réunion dédiée du 19 mars, dénonçant un simulacre de négociation. En effet, François Bayrou a annoncé le 16 mars que l’on ne reviendrait pas à un départ en retraite à 62 ans.
Défaut d’attractivité dans la fonction publique
Les organisations syndicales « refusent que 2025 soit une nouvelle année blanche pour la fonction publique » et demandent un agenda social qui ouvre rapidement des négociations, afin de rendre à la fonction publique son attractivité. De même pour « la reconnaissance due aux 5,7 millions d’agents dont les conditions de travail, d’emploi, d’exercice et de rémunération sont en dégradation constante depuis trop longtemps ». Des « revendications légitimes » pouvant conduire « à la construction de mobilisations des personnels de la fonction publique », précisait la lettre au ministre. Ce sera pour le 3 avril.
Marie Gasnier