La ville de Grenoble explore l’écologisation des métiers territoriaux

Publié le 20 mars 2025 à 15h10 - par

La ville de Grenoble a conduit un chantier RH sur les métiers territoriaux et la transition écologique.

La ville de Grenoble explore l'écologisation des métiers territoriaux
© Par Charoen - stock.adobe.com

La ville de Grenoble se revendique la première à avoir testé des protocoles de redirection écologique. Il s’agit de rechercher un nouvel équilibre entre la ville et des ressources planétaires finies pour conduire une transition écologique selon une trajectoire maîtrisée sur le plan démocratique et social. Dans ce cadre, la ville a conduit un chantier intitulé « Bifurcations RH ! », qui « s’assigne de parler du travail, et pas seulement de l’emploi et des compétences, de partir de l’enquête auprès des agent-es, de proximité, d’attachements, et d’anticiper les conséquences de l’anthropocène. »

« Bifurcations RH ! » s’inscrit dans l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) « Écologie et travail », lancé fin 2022 par l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT). L’enquête s’est déroulée au sein de la ville et du CCAS de Grenoble, entre novembre 2023 et septembre 2024. Celle-ci a été portée par un consortium réunissant Auxilia, cabinet de conseil en bifurcation écologique et solidaire, une consultante indépendante, un philosophe, un doctorant (Aix-Marseille Université) et la ville de Grenoble.

Cette étude place en son cœur les agent(e)s de la ville de Grenoble, insiste la collectivité. Les transformations organisationnelles induites par le dérèglement climatique vont être radicales et profondes, prévoit-elle. « La redirection écologique postule que seuls des arbitrages démocratiques et un meilleur dialogue entre parties prenantes permettront de proposer des voies d’évolution acceptées par toutes et tous pour transformer nos organisations, dans le respect des limites planétaires et d’une meilleure justice sociale. »

Pour appréhender ces transformations, « Bifurcations RH ! » a ausculté neuf métiers territoriaux :

  • agent(e)s d’entretien et de restauration dans les écoles municipales ;
  • auxiliaires de puériculture ;
  • jardiniers et jardinières ;
  • managers ;
  • mécaniciens et mécaniciennes ;
  • thermiciens et thermiciennes ;
  • trois métiers au sein de la Direction des ressources humaines (DRH) : préventionnistes, chargé(e)s de recrutement et chargé(e)s de formation.

Chaque métier a fait l’objet d’un protocole d’enquête spécifique, afin de coller au mieux aux disponibilités et au travail des agent(e)s. Au programme : enquête de terrain au plus près des agent(e)s, d’une part, puis design de pistes d’évolution, d’autre part. De ces enquêtes monographiques, ont été tirées des synthèses et « des pistes d’atterrissage communes. »

Voici les principaux enseignements du projet « Bifurcations RH ! ».

  • L’étude révèle un puissant sentiment de prise de soin du service public : attachement pour son métier, pour les usagers internes et externes de l’administration. Une volonté d’une meilleure prise en considération des initiatives, d’un plus grand dialogue entre directions supports et opérationnelles, d’un nouveau dialogue social est clairement exprimée.
  • Il en ressort également que les organisations publiques et leurs managers ne pourront faire l’économie de la prise en compte du travail réel (et non pas uniquement du travail prescrit), des attachements et des conditions de travail que l’approche par la redirection ne fait que surligner.
  • Les managers doivent être accompagnés. Oscillant entre la « commande de trop » (la submersion) et l’envie d’accélérer et se mettre à la hauteur des enjeux (la subversion), ceux-ci sont noyés dans des discours performatifs de transitions, dont ni le cap ni les moyens ne semblent toujours établis.
  • L’enjeu de ces bifurcations n’est donc pas uniquement du ressort des ressources humaines. Cependant, celles-ci doivent trouver leur place d’animation de nouvelles démarches, comme le « budget vert » l’a été pour les finances récemment.
  • D’une manière générale, les métiers mis en lumière, souvent invisibilisés, peuvent devenir des vecteurs de transformation écologique en valorisant leurs savoir-faire et en réinterrogeant leurs pratiques. Ces métiers ont été replacés au centre de l’action publique non comme de simples exécutants, mais comme des acteurs clés de la transition.
  • En inscrivant de manière inédite ces métiers dans leur écosystème et une planification intégrant les limites planétaires et les besoins humains, l’étude « Bifurcations RH ! » a révélé des terrains encore inexplorés, mais essentiels pour une transition véritablement systémique, une véritable redirection écologique des organisations publiques dessinée pour et par les agent(e)s, plaident ses promoteurs.

L’étude « Bifurcations RH ! » ouvre de nombreux chantiers pour la ville de Grenoble, se félicite cette dernière. Le travail réalisé dans le cadre de ce projet a permis de poser des jalons essentiels pour la redirection écologique des RH dans les collectivités territoriales. Celui-ci ne se limite pas à un diagnostic ou à une série de recommandations. « Il constitue une invitation à réinventer les fondements des ressources humaines dans une logique de redirection écologique. En valorisant les métiers, en ouvrant des espaces de dialogue et en articulant mieux les dimensions sociales et environnementales, ce projet offre une boussole précieuse pour les collectivités en quête de résilience », sont convaincus ses commanditaires.


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