« Chaque soir, environ 3 000 femmes et 3 000 enfants sans abri passent la nuit dans la rue » : le rapport de la Délégation aux droits des femmes du Sénat réclame la création de 10 000 places d’hébergements supplémentaires « afin d’assurer une mise à l’abri immédiate et une prise en charge minimale d’un mois pour les femmes et les familles » et l’amélioration de la qualité des 313 000 places existantes.
Afin de faciliter l’attribution des logements sociaux des femmes les plus vulnérables, il est également proposé d’établir un « critère de priorité » pour les femmes seules et les mères isolées sans domicile.
Le nombre de personnes sans domicile a doublé en dix ans, atteignant 330 000 en 2024, dont près de 36 % sont des femmes, rappelle ce rapport.
La délégation a entendu « plus d’une cinquantaine de personnes au cours d’auditions au Sénat : représentants de l’État, acteurs associatifs, collectivités territoriales, sociologues, travailleurs sociaux ou encore professionnels de santé » et a effectué des « visites de terrain à Paris, en Seine-Saint-Denis et à Marseille », entre décembre 2023 et septembre 2024.
Les rapporteures décrivent notamment avoir été « marquées » par une « statistique empirique glaçante livrée par le médecin-psychiatre de l’AP-HM (Assitance publique-hôpitaux de Marseille), Aurélie Tinland » : « Au bout d’un an passé à la rue, 100 % des femmes ont subi un viol, quel que soit leur âge, quelle que soit leur apparence ».
Afin de mieux prendre en compte les violences physiques et sexuelles subies par « la quasi-totalité » de ces femmes, le rapport préconise l’établissement d’analyses genrées et un questionnement des violences subies, notamment dans le cadre la prochaine enquête de l’Insee sur le sans-domicilisme prévue en 2025.
Il recommande aussi une attention particulière sur la « détection et la prise en charge des violences sexistes et sexuelles » dont sont victimes les femmes à la rue, notamment à travers la sensibilisations professionnels du secteur de l’accueil, de l’accompagnement et les forces de l’ordre.
Environ la moitié des femmes sans domicile vivent en Île-de-France, en raison d’« une concentration importante de personnes en situation irrégulière ou en attente de régularisation » dans cette région, souligne encore la délégation. Laquelle préconise d’« impulser un effort particulier » pour faciliter des « régularisations au cas par cas ».
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