« Je suis heureuse de vous confirmer aujourd’hui que le prochain comité interministériel des villes se tiendra le 17 avril 2025 à Montpellier », a annoncé la ministre déléguée à la Ville Juliette Méadel devant un parterre d’élus et d’associations réunis à Épinay-sous-Sénart (Essonne).
Éducation, sécurité, logement, santé, emploi, cohésion sociale… Ce comité réuni sous la houlette du Premier ministre et qui rassemble l’ensemble des ministres doit permettre de définir les nouvelles priorités de la politique de la ville, pensées pour résorber les inégalités entre les quartiers prioritaires (QPV) et le reste du territoire.
Trois réunions de consultations se tiendront en amont : le 17 mars avec le monde associatif, le 28 mars avec les représentants du monde économique et les bailleurs sociaux, et le 3 avril avec les associations d’élus.
Juliette Méadel répond à « l’appel d’Épinay » lancé peu auparavant par sept associations d’élus locaux (Ville et Banlieue, Association des Maires de France, Association des petites villes, Villes de France, France urbaine, Intercommunalités de France, Amif), une initiative rare sur le modèle de l’appel de Grigny, qui appelait à défendre les quartiers populaires en 2017.
Les maires dressent le constat sans équivoque d’un creusement des inégalités territoriales et d’une paupérisation accélérée des 5,7 millions d’habitants des quartiers prioritaires depuis la crise du Covid. « L’appel d’Épinay-sous-Sénart doit être un moment historique de prise de conscience et de prise de décision (…) parce que les habitants sont en train de craquer », a averti Damien Allouch, maire PS d’Épinay, jugeant que « si tout ça ne fonctionne pas dans quelques mois, ce sera l’extrême droite qui sera au pouvoir ». « Nous souhaitons (…) que les habitants aient accès aux mêmes droits et services, c’est-à-dire au droit commun qui prévaut sur l’ensemble du territoire national », a déclaré Gilles Leproust, président de Ville et Banlieue.
« Tout se déglingue »
Les maires demandent au gouvernement de se doter d’une « feuille de route interministérielle » pour les quartiers et « d’assortir pour chaque ministère des objectifs chiffrés de réduction de l’inégalité des chances ».
Dans un contexte budgétaire contraint que risque d’aggraver la situation géopolitique internationale, les élus de banlieue redoutent par ailleurs « l’extinction silencieuse de la politique de renouvellement urbain » portée par l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), alors que les financements de l’État se font déjà attendre pour les projets actuels.
La ministre du Logement Valérie Létard a indiqué qu’elle se rendra fin mars à la Commission européenne pour trouver de nouveaux modes de financement de l’agence.
« On voit bien que tout se déglingue », a fustigé de son côté l’ex-ministre de la Ville et père de la rénovation urbaine Jean-Louis Borloo, alertant au passage sur le risque d’un démantèlement d’Action Logement, premier financeur des programmes de rénovation urbaine.
Lors du dernier comité interministériel des villes (CIV), l’ex-Première ministre Élisabeth Borne avait annoncé 84 mesures, dont le fait de ne plus attribuer de logements dans ces quartiers aux ménages bénéficiant du droit au logement opposable, au nom de la mixité sociale. La mesure avait ulcéré à gauche. Les 84 mesures annoncées n’ont pas toutes pu être mises en œuvre, a reconnu Mme Méadel, disant préférer « quelques priorités ramassées ». La ministre a réaffirmé ses trois priorités, dont l’amélioration du cadre de vie dans et à proximité des HLM avec la création d’un « comité de suivi » trimestriel. « Dans un département sur deux, nous avons de gros problèmes de gestion des encombrants (voitures-ventouses, machines à laver) », a-t-elle déclaré.
Les deux autres priorités sont l’enfance et l’adolescence, avec la poursuite des « cités éducatives » et la mise en place d’accueils psychologiques pour les jeunes, ainsi que le développement économique des quartiers, à travers la massification du micro-crédit pour les femmes.
« On ne traitera pas la question santé mentale des enfants si on ne s’attaque pas à la question de la précarité sociale, c’est-à-dire permettre à un enfant de grandir correctement, pas seul, de pouvoir se nourrir, se soigner et étudier », a-t-elle ajouté.
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