Pourquoi avoir lancé cette campagne de communication ?
Dans mon département, mais c’est un peu partout la même chose, le risque d’une baisse de l’engagement des citoyens dans les prochaines campagnes municipales est réel. Il est vrai que le contexte n’est guère engageant. Les maires ont le sentiment justifié d’être de plus en plus victimes d’agressions physiques ou verbales. Leur mission est de plus en plus fastidieuse, technique, ils se sentent plus exposés. Mais il est important, je crois, de ne plus communiquer uniquement sur ces difficultés récurrentes, qui ne donnent pas envie de s’engager. Nous avons décidé de prendre le contrepied, de dire le plaisir et la satisfaction de s’engager dans la vie publique.
Vous trouvez que l’on ne met pas assez en avant ces réussites ?
Il est parfois plus facile de communiquer sur les difficultés, pour marquer les esprits. Mais l’idée, pour nous, reste de se demander si, demain, il existera encore une démocratie locale qui fonctionnera. Dans ce monde bousculé, incertain, l’histoire nous rappelle, par exemple, que, sous le régime de Vichy, les maires des communes de moins de 2 000 habitants n’étaient pas élus mais nommés. Voilà ce que peut provoquer une perte de confiance absolue en cette démocratie locale, même si je prends en l’occurrence un exemple volontairement marquant. Si on veut sauver cette liberté-là, il faut repartir du local. Dans un monde percuté par la défiance, la confiance en l’élu de proximité est une valeur refuge. Dans cette campagne, ce sont les élus bénévoles, pas les têtes d’affiche, auxquels nous avons voulu rendre hommage.
Crédit © AMF 46
Élus bénévoles, dites-vous… Le statut de ces élus justement doit-il être repensé pour attirer un plus grand intérêt ?
J’ai toujours été opposé au fait que des élus de petites communes soient payés, en dehors des indemnités de déplacement auxquels ils ont droit. Ce doit être un engagement qui reste modeste dans sa charge administrative et technique, car ces élus ne doivent pas se transformer en agents de l’État ! Mais il faut sans doute mieux valoriser les entreprises qui favorisent l’engagement de leurs salariés dans la vie de la commune, comme chez les pompiers. Sans commune mesure, il y a bien une loi qui prévoit un quota de personnes handicapées dans les entreprises, pourquoi ne pas s’en inspirer. Lorsque j’étais maire de Cahors, nous avions signé une charte avec le Sdis du Lot pour valoriser cet engagement des pompiers. Nous devons mettre en lumière tout ce qui permet de renforcer cette démocratie locale.
Le 7 avril dernier, l’Assemblée nationale a adopté la proposition de loi visant à harmoniser le mode de scrutin aux élections municipales afin de garantir la vitalité démocratique, la cohésion municipale et la parité, étendant aux communes de moins de 1 000 habitants le mode de scrutin de liste paritaire. Cette réforme entrera en vigueur aux prochaines élections municipales. Est-ce une bonne nouvelle ?
Oui, la loi sur la parité a atteint ses objectifs et beaucoup plus de femmes occupent des places importantes désormais dans les exécutifs locaux. Mais cette parité généralisée va obliger encore plus à aller chercher de nouveaux profils dans les communes rurales. Beaucoup de femmes, dans le monde de l’entreprise comme dans celui de la politique, ressentent le syndrome de l’imposture, considérant qu’elles ne sont pas faites pour épouser une telle carrière. Il faut tourner cette page, battre en brèche cette idée dépassée. Les grands projets se mènent à l’échelle locale par des femmes et des hommes engagés. Tout le monde est concerné. Le propre de la politique est de partir du local, de la réalité du terrain, d’un projet essentiel pour le village. La construction de ce vivre-ensemble ne peut s’imaginer en dehors des citoyens et des élus auxquels il est destiné.
Le lien de confiance avec le maire reste indéfectible, malgré la lassitude ressentie par ce dernier…
C’est le plus beau mandat qu’il soit, bien plus concret que celui de sénateur (rires) ! Parce que l’on voit les choses avancer, le travail de solidarité mené auprès des personnes âgées, la qualité de l’eau potable, etc. Et même des défis démocratiques qui semblent nous dépasser, comme le réchauffement climatique, sont à relever dans les petits villages, là où les solutions sont les plus faciles à mettre en œuvre.
Stéphane Menu
« Une expérience qui fait grandir » La campagne de communication se décline à partir de trois axes : une campagne médiatique à travers des communiqués de presse et des publications sur les réseaux sociaux de l’AMF 46 (Facebook, Instagram, LinkedIn, Bluesky) ; un kit de communication mis à disposition des communes et intercommunalités du Lot (affiches, bandeaux numériques, encarts publications) ; une campagne d’affichage public sur les abribus du département, à compter du 17 mars 2025. C’est ainsi que si vous vous rendez dans le Lot, vous croiserez peut-être le visage de Marjorie Aussenac, conseillère municipale de Prayssac, assurant : « S’engager pour sa commune, œuvrer pour l’intérêt général, faire partie d’une équipe composée de personnes d’horizons différents, c’est une aventure enrichissante sur le plan humain et une expérience qui fait grandir ». |