« Le Colloque annuel du Sifurep est une opportunité majeure d’échanges entre les collectivités, les experts, les associations et les professionnels du monde funéraire, pour identifier et analyser les grandes évolutions de ce secteur, commente Jacques Kossowski, Président du Sifurep, Député-Maire de Courbevoie qui a alerté sur les prix du funéraire où l’augmentation des prestations a augmenté deux fois plus vite que l’indice des prix à la consommation hors tabac entre 1998 et 2013 ».
La thanatopraxie concerne 1 décès sur 3 : une pratique en plein essor qui interroge
Selon le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales et de l’Inspection générale de l’administration (juillet 2013) : chaque année, 200 000 actes de thanatopraxie sont pratiqués pour 545 000 décès. Une pratique en augmentation de 7 à 10 % par an dont le coût moyen serait de 300 à 400 euros représentant 10 % des frais d’obsèques. Une activité qui génère 6 % du chiffre d’affaires des sociétés funéraires.
Le rapport précité préconise :
– De mettre fin à la spécificité du modèle français en interdisant les soins à domicile, la France étant le seul pays à les autoriser et de ne les admettre que dans les seuls lieux dédiés que sont les chambres funéraires et les chambres mortuaires ;
– De permettre les soins de conservation aux porteurs du VIH ou de l’hépatite virale ;
– Une meilleure protection et formation pour les acteurs ;
– De renforcer le droit à l’information des familles.
Les débats ont mis en lumière les enjeux économiques, financiers, environnementaux et sociétaux de la thanatopraxie, grâce aux interventions de : Pierre Larribe, Juriste à la Confédération des Professionnels du Funéraire et de la Marbrerie (CPFM) ; Jean-Antoine Gourinal, Directeur des Crématoriums et de l’Environnement – OGF ; Damien Le Guay, Philosophe, Essayiste et Président du comité national d’éthique du funéraire ; et René Deguisne, Président de l’institut français de thanatopraxie.
Les échanges ont permis d’expliquer les différences entre soins de conservation et soins de présentation (toilette/habillage…) et la nécessité de délivrer une information fiable et transparente aux familles avant qu’elles ne décident de faire pratiquer ces soins dont la nature exacte reste inconnue de nombre de familles. Les débats au-delà des questions techniques, ont mis en avant la place des opérateurs funéraires qui sont les seuls à avoir le lien avec les familles.
Selon le représentant d’OGF, ces soins représentent 50 % des obsèques gérées par cet opérateur.
Damien Le Guay s’est interrogé : ces soins participent-ils à la valorisation des corps ? Est ce qu’ils accompagnent la technicisation de la mort ? Ces soins ne sont-ils pas faits pour les vivants ?
Parmi les autres points abordés : le ressenti des familles endeuillées face au corps du défunt, et la nécessité ou non d’effectuer ces soins pour faciliter le travail de deuil.
Les pouvoirs publics envisagent de permettre de pratiquer ces soins sur les corps de personnes porteuses de maladie infectieuses mais d’interdire leur pratique à domicile quelque soit la cause du décès. Ceci obligerait les familles à faire transporter le corps de leur défunt dans des lieux équipés – en chambre funéraire ou chambre mortuaire. La question du coût supplémentaire a été évoquée.
René Deguisne a expliqué que pratiquer ces soins sur des personnes victimes du VIH ou de l’hépatite virale nécessitaient de protéger les thanatopracteurs d’où la recommandation de pratiquer ces soins dans des lieux dédiés. Damien le Guay s’interrogeant sur l’objectif politique de favoriser ou non la mort à domicile, citant l’exemple de l’Allemagne qui a, en ce domaine, une politique différente.
Dernier sujet évoqué la toxicité des produits utilisés à base de formaldéhyde pour les thanatopracteurs, mais aussi leur impact sur la pollution des sols dans les cimetières. Un nouveau produit sans formaldéhyde a été mis sur le marché depuis septembre 2013, 25 000 corps ont été traités avec ce produit.
Gestion des cimetières et mutualisation
Équipements publics parmi les plus fréquentés dans une commune, les cimetières doivent tenir compte des évolutions législatives, des pratiques funéraires et des enjeux environnementaux pour s’insérer dans le tissu urbain, social et paysager de chaque commune.
Cette table ronde a réuni Emmanuelle Roux, Architecte urbaniste à l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR), Anne Blondeau, Adjointe du directeur des affaires générales à la Mairie de Courbevoie. Valérie Bailly, Responsable de la centrale d’achat du Sifurep.
Le Sifurep a présenté aux villes les possibilités offertes pour mieux gérer et faire évoluer leurs cimetières :
– la centrale d’achat : qui compte aujourd’hui 20 collectivités adhérentes,
– la convention de coopération, pour conseiller et assister la ville,
– le transfert au syndicat de la compétence cimetière.
Focus sur l’étude « Situation, enjeux urbains et d’aménagement des cimetières du Sifurep »
Emmanuelle Roux, Architecte urbaniste à l’APUR (Atelier parisien d’urbanisme) est revenue sur les résultats de l’enquête « Situation, enjeux urbains et d’aménagement des cimetières du Sifurep », menée en 2010, sur 109 cimetières. Cette étude a pour objectif de mieux connaitre les équipements et pratiques existantes, pour permettre aux collectivités de mutualiser leurs connaissances sur des problématiques communes : – L’offre en équipements funéraires : les communes disposent en moyenne de 3 à 4 équipements différents (ossuaire, columbarium, jardin du souvenir, carré militaire, enfeus, espaces de cérémonie…). À noter qu’en 2010, seul 1 cimetière sur 2 disposait d’un jardin du souvenir, un chiffre qui a évolué depuis compte-tenu de l’obligation pour les cimetières des communes de plus de 2 000 habitants de s’équiper d’un jardin du souvenir. – Les reprises de concessions représentent pour beaucoup de collectivités une solution pour renouveler l’offre funéraire sans étendre la superficie des cimetières. – La biodiversité dans les cimetières : lieu de recueillement pour les familles, les cimetières sont aussi des lieux de promenade et d’échange. Ils doivent aujourd’hui répondre aux enjeux de développement durable et devenir des espaces paysagers ouverts sur la ville ; – Enfin, le cimetière est un lieu de préservation du patrimoine (ancien et contemporain) dont la valeur doit être prise en considération (architecture, tombes, monuments, arts appliqués, inscriptions, patrimoine de ferronnerie…). |
Aménagement novateurs des deux cimetières à Courbevoie
Anne Blondeau, Adjointe du directeur des affaires générales à la mairie de Courbevoie a présenté les travaux d’aménagement effectués sur les deux cimetières de la commune : – Le cimetière ancien : création d’un parc paysager en plein centre-ville – Le cimetière des Fauvelles : un cas d’école d’aménagement environnemental sur la région parisienne Le cimetière accueille aujourd’hui 13 000 sépultures, et développe une démarche environnementale en pointe : passage au zéro pesticide, valorisation des sols existants, favorisation de la biodiversité dans les plantations, infiltration des eaux pluviales, gestion écologique. |
Source : Communiqué de presse du Sifurep, octobre 2014
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