Les membres de la Coordination des employeurs territoriaux (CET) ont pu faire part de leur mécontentement au nouveau ministre de la Fonction publique, de la simplification et de la transformation de l’action publique, le 20 novembre au congrès des maires. Ils dénoncent les méthodes unilatérales de Guillaume Kasbarian qui a proposé un agenda social pour la fonction publique sans prendre la peine de rencontrer au préalable « le deuxième employeur public de France que sont les 38 000 maires et présidents ». « Après deux ans de chantier sur un projet de loi inabouti, relatif à la fonction publique, auquel les employeurs territoriaux, associés, ont contribué, c’est par voie de presse {qu’ils ont} découvert les premières annonces du ministre », a précisé la CET dans un communiqué du 20 novembre.
Le ministre a expliqué lors du forum sa décision de ne pas augmenter le point d’indice et de ne pas verser la garantie individuelle du pouvoir d’achat (GIPA) par mesure d’économies, précisant qu’il y a « d’autres leviers que le salaire », comme le logement. « Je considère que nous sommes dans le même bateau, et mon devoir est de faire des efforts budgétaires au maximum pour préserver la santé financière du pays, on est ensemble dans une même contrainte », a-t-il plaidé.
Dénonçant là un point d’achoppement avec le ministre, la co-présidente de la commission FPT et RH de l’AMF, secrétaire générale de l’AMF et maire de Lampertheim (Bas-Rhin, 3 512 habitants), Murielle Fabre, s’est insurgée, pointant la différence majeure entre les comptes publics de l’État et ceux des collectivités et rappelant qu’il y a trois fonctions publiques distinctes. « Ce que nous vous demandons avec la Coordination des employeurs territoriaux, c’est un dialogue. Si nous allons sur le même bateau et si nous voulons aller dans la même direction, il faut qu’on en échange. » « Les employeurs territoriaux sont aujourd’hui dans une situation avec une injonction contradictoire », a expliqué Murielle Fabre. Injonction de recruter et besoin de payer « justement » les agents, « non pas grassement » et « contexte de déficit public sur lequel on dirait que la responsabilité et la solution et pèseraient sur les collectivités ». L’élue a rappelé les besoins de collaborer avec le ministre pour trouver des solutions : recrutement, métiers sous-payés avec 75 % d’agents en catégorie C, usure professionnelle…
En matière d’absentéisme, la maire d’une petite commune rurale a témoigné de ses extrêmes difficultés : un ou deux agents sont absents de façon récurrente, « pour lesquels elle n’a aucun moyen », et certains agents « travaillent comme quatre » alors que d’autres « sont des poids-lourds que l’on traîne, qu’on ne sait pas gérer juridiquement et qui nous coûtent cher ».
Le ministre a fait part aux élus présents de son souhait de « pouvoir avancer sur la refonte des grilles dans la concertation, le dialogue, l’échange avec les employeurs territoriaux pour donner du dynamisme aux carrières, des perspectives d’évolution ». Il placera ce sujet à l’ordre du jour de l’agenda social et « mettra sur la table l’absentéisme dans la fonction publique, les primes au mérite pour les agents qui s’investissent ainsi que le départ pour insuffisance ».
Dans son communiqué, la CET rappelle aussi que l’apport des employeurs territoriaux à la solidarité nationale s’est traduit, depuis les années 1970, par une contribution de la CNRACL vers les autres régimes de retraite de plus de 100 milliards d’euros (de l’argent qui aurait pu être placé). Ils demandent que cette somme soit « prise en compte dans l’effort qui leur est demandé, au profit d’une remise à plat du système dans sa globalité. »
Martine Courgnaud – Del Ry
Suppression de services publics « L’ampleur et la brutalité des récentes annonces financières » (mesures du projet de loi de finances, augmentation inédite de la contribution retraites de la CNRACL des employeurs) entraînent pour les collectivités des efforts « sans précédent et sans commune mesure » qui pèseront sur l’emploi territorial, les conditions d’emploi et les services à la population. Car, sans argent et sans agents faute de candidatures, la prochaine étape sera inévitablement la suppression de services publics, préviennent les membres de la CET. |