« L’indemnisation des agents publics en arrêt maladie va baisser, nous passons de 100 % à 90 % », a déclaré Laurent Marcangeli sur RTL, « c’est un amendement qui a été voté au Sénat et que j’ai défendu ». Interrogé sur le gel du point d’indice sur l’année 2025, il a répondu : « oui, nous ne sommes pas en capacité aujourd’hui d’augmenter le point d’indice pour les fonctionnaires ».
Gel du point d’indice : une stagnation salariale prolongée
Le gouvernement a décidé de geler le point d’indice en 2025, une mesure qui aura un impact direct sur la rémunération des 5,6 millions d’agents de la fonction publique. Pour rappel, les dernières augmentations du point d’indice sont intervenues en janvier 2024 (5 points d’indice majoré à l’ensemble des agents de catégorie A, B et C), en juillet 2023, avec une revalorisation de 1,5 %, après une hausse exceptionnelle de 3,5 % en juillet 2022, sous l’effet de l’inflation. Ce gel signifie que les fonctionnaires ne bénéficieront d’aucune augmentation automatique de leur rémunération de base, ce qui devrait permettre à l’État de réaliser environ 2,5 milliards d’euros d’économies.
Réduction de l’indemnisation des arrêts maladie : de 100 % à 90 %
Autre mesure phare du gouvernement : la réduction du taux d’indemnisation des arrêts maladie des agents publics. Actuellement, les agents en congé maladie ordinaire bénéficient d’un maintien intégral de leur rémunération (100 %) dès le premier jour d’arrêt. À compter de 2025, cette indemnisation passera à 90 % du traitement durant les 30 premiers jours d’arrêt, avant de revenir au taux habituel. Cette réforme, qui vise à harmoniser le régime des fonctionnaires avec celui du secteur privé, permettra de générer environ 600 millions d’euros d’économies selon les prévisions du ministère. Actuellement, dans le secteur privé, les salariés en arrêt maladie subissent généralement un délai de carence avant d’être indemnisés et perçoivent un taux de remboursement inférieur, souvent complété par une prévoyance d’entreprise. Cette mesure tend donc à rapprocher les conditions des agents publics de celles des salariés du privé.
Suppression de la prime GIPA : un coup dur pour les agents face à l’inflation
Le gouvernement a également acté la suppression de la Garantie individuelle du pouvoir d’achat (GIPA), une prime créée en 2008 pour compenser la stagnation des salaires des agents dont la rémunération évoluait moins vite que l’inflation. La dernière prime GIPA a été versée en 2023 et a concerné près de 200 000 agents publics. Sa suppression en 2025 représente une économie estimée à 400 millions d’euros. Cette mesure affectera principalement les agents en fin de carrière ou ceux qui n’ont pas bénéficié d’avancements de grade significatifs.
L’abandon des trois jours de carence
Laurent Marcangeli a confirmé que le gouvernement avait renoncé à passer à 3 jours de carence pour les fonctionnaires en arrêt : « on ne reviendra pas là dessus », a dit le ministre. Il a également confirmé que le gouvernement renonçait à la suppression de 4 000 postes dans l’Éducation nationale, mais souhaité le maintien de la création de 2 000 postes d’AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap).
Un plan d’économies de plus de 3,5 milliards d’euros
L’ensemble de ces mesures devrait permettre à l’État de réaliser plus de 3,5 milliards d’euros d’économies en 2025. En termes d’économies budgétaires, ces mesures représenteront « 800 millions d’euros pour le non versement de la prime GIPA et 900 millions euros pour les 90 % de versement d’indemnités pour les personne en maladie ordinaire ».
Laurent Marcangeli justifie ces décisions par la nécessité de « contenir la masse salariale de la fonction publique dans un contexte budgétaire contraint » et de « garantir la soutenabilité des finances publiques ». Toutefois, ces annonces risquent de susciter une forte contestation syndicale. Selon la CGT Fonction publique, « ces mesures constituent une attaque directe contre le pouvoir d’achat des agents et une dégradation de leurs conditions de travail ». De son côté, la CFDT s’inquiète d’un « manque de concertation et d’un passage en force du gouvernement ». Les principales organisations représentatives des fonctionnaires dénoncent un « recul du pouvoir d’achat » et une « remise en cause des droits acquis », et plusieurs mouvements de mobilisation sont déjà envisagés.
Ces nouvelles mesures s’inscrivent dans une tendance de rationalisation des dépenses publiques, mais elles ne manqueront pas de raviver les tensions entre le gouvernement et les syndicats. Avec un pouvoir d’achat en berne et une inflation encore présente, la question du statut des fonctionnaires et de leur rémunération s’annonce comme un enjeu central des prochains mois. Les syndicats appellent d’ores et déjà à la mobilisation, tandis que l’exécutif tente de justifier ces arbitrages budgétaires en prônant un retour à l’équilibre financier. Le dialogue social s’annonce tendu dans les semaines à venir. Des négociations entre les syndicats et le gouvernement sont prévues dans les prochains jours, tandis que plusieurs appels à la grève ont déjà été lancés dans la fonction publique. Par ailleurs, un débat parlementaire sur ces mesures pourrait avoir lieu afin de répondre aux inquiétudes des agents et d’évaluer les ajustements possibles.