Supprimer l’ENA et les « grands corps »
Le chef de l’État a confirmé son intention de « supprimer, entre autres, l’ENA », non pas « pour se donner le plaisir de supprimer » l’École nationale d’administration, mais « pour bâtir quelque chose qui fonctionne mieux ». « Sur ce sujet, je ne crois pas du tout au rafistolage : si vous gardez les mêmes structures, les habitudes sont trop fortes, les habitudes sont là », a-t-il dit.
Il a par ailleurs souhaité la fin du système des« grands corps » des hauts fonctionnaires, soulignant que ceux-ci ne devaient pas « tout de suite accéder aux postes suprêmes et être garantis de ne jamais les quitter ». Déplorant que la Haute fonction publique ne « ressemble pas » à la société, et reste très peu accessible aux classes sociales les moins favorisées, le président a souhaité « davantage de passerelles tout au long de la vie professionnelle, pour permettre, avec des règles de déontologie extrêmement strictes, à des gens qui viennent du privé, du monde associatif, d’intégrer la Haute fonction publique à différents moments ». Il a également affirmé la nécessité de « repenser la formation » des hauts fonctionnaires, afin « qu’elle soit plus ouverte au monde académique, à la recherche, à l’international, au monde universitaire ».
Plus de fonctionnaires « sur le terrain »
Notant que l’État devait « savoir s’adapter, être accessible à tous dans tous les territoires », Emmanuel Macron a souligné sa volonté d’« assurer l’accès aux services publics à moins de 30 minutes » et de « réconcilier la métropole, la ville moyenne et le rural ». Pour ce faire, l’État doit « cesser la fermeture des services publics ».
Le Premier ministre Édouard Philippe présentera en mai « une profonde réorganisation de notre administration », destinée à déployer « plus de fonctionnaires sur le terrain » tout en supprimant des postes « en administration centrale » à Paris, a annoncé le chef de l’État.
Déplorant qu’il n’y ait « plus assez de monde sur le terrain » pour « apporter des solutions », il a notamment annoncé la création dans « chaque canton », d’ici à « la fin du quinquennat », d’un « endroit où on puisse trouver réponse aux difficultés qu’on rencontre », baptisé « France services ». « Parce que, pour nos concitoyens, c’est devenu illisible, quand ils ont un problème, de savoir s’il faut aller à la CAF, à Pôle emploi, à la préfecture, la mairie ou la mission locale », a insisté le président.
Les coupes dans les effectifs en sursis
Emmanuel Macron s’est dit prêt à « abandonner », « si ce n’est pas tenable », l’objectif qu’il avait fixé de supprimer 120 000 postes de fonctionnaires d’ici la fin du quinquennat – sur 5,5 millions d’agents dans les trois versants de la fonction publique (État, hospitalière, territoriale). Il a demandé au gouvernement de lui « donner son analyse d’ici l’été » sur ce dossier. « Quand on doit réinvestir dans la sécurité, dans l’éducation et dans la justice, je ne vais pas donner des injonctions contradictoires au gouvernement », a souligné M. Macron, ajoutant qu’il assumerait « totalement, si ce n’est pas tenable, d’abandonner cet objectif ».
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