Pour la première fois depuis 2018, on note « une baisse remarquable des intentions de recrutement » des collectivités, selon le 9e baromètre HoRHizons 2025, présenté le 28 janvier 2025 dans les locaux de l’Association des Maires de France (AMF) par l’ensemble des membres de la Coordination des employeurs territoriaux (CET)*. En 2024, 52,7 % des collectivités ont eu des difficultés à recruter et à fidéliser les agents, contre 57,4 % en 2023. Un phénomène qui touche davantage les communes de plus de 3 500 habitants (81,5 % jusqu’à 20 000 habitants et 94,3 % au-delà) et les intercommunalités : 75 % pour les communautés de communes, 80,7 % pour les métropoles et communautés d’agglomération. En revanche, 42 % des communes de moins de 3 500 habitants ne rapportent pas de difficultés.
Pour autant, les employeurs territoriaux freinent sur les recrutements. Alors qu’ils étaient environ un sur deux à envisager de recruter ces deux dernières années, ils n’étaient plus que 43,4 % en 2024 (et 32,2 % à l’envisager « certainement »). Un vrai revirement, puisque, comme le pointe le baromètre, « ce taux en croissance constante depuis 2018 décroît de trois points cette année par rapport à 2023 ». Ces prévisions concernent toutes les collectivités et établissements, à l’exception des communes de moins de 3 500 habitants, dont 28,6 % évoquent une volonté de recruter (- 7,1 points par rapport à 2023).
Remplacer les départs constitue toujours la première raison de recruter pour près de deux collectivités sur trois (65,2 % contre 60,4 % et 44 % en 2017). Une progression liée à l’évolution démographique des effectifs de la fonction publique territoriale et au nombre de départs à la retraite depuis quelques années.
Créations en chute libre
La baisse des créations de postes, en chute libre depuis 2020, se confirme, sans doute due à la limitation pour certaines collectivités, aux contraintes de la maîtrise ou de la réduction des dépenses de fonctionnement. Seules 8,7 % de collectivités entendent créer des postes en 2024, principalement dans les services techniques, le secteur enfance, éducation et jeunesse et les fonctions supports (passées de 47 % en 2019 à 36,8 % en 2024). Dans le domaine du sport, les intentions de créations (2,2 %) perdent 6 points par rapport à 2023.
Les collectivités envisagent principalement de recruter des titulaires (57,4 % contre 48,8 % en 2023). Mais un tiers (31,4 %) souhaitent recruter prioritairement des contractuels. C’est le cas de 46 % des communes de moins de 3 500 habitants. Plusieurs raisons à cela : vacances d’emploi temporaires, recherche de compétences et de profils particuliers pour les grosses collectivités, mais aussi rapidité et souplesse des procédures de recrutement. Quant aux apprentis, huit collectivités sur dix n’ont pas prévu d’en recruter – une baisse mécanique due à l’extinction de certaines aides de l’État au développement de l’apprentissage. « Cela ne signifie pas que les employeurs territoriaux aient l’intention de sacrifier cette voie royale vers l’emploi et la formation des jeunes, alors même qu’ils sont les employeurs publics les plus dynamiques concernant cette politique nationale », précise la CET. Le baromètre avance aussi la volonté de réduire les évolutions de masse salariale dans un contexte budgétaire complexe ou encore la capacité à mobiliser des maîtres d’apprentissage. Les apprentis seront recrutés en particulier pour les interventions techniques (43,4 %) et l’administration-gestion (27,7 %).
Conditions de travail
En matière de motivation, les employeurs veulent privilégier aussi bien le régime indemnitaire que la qualité de la vie au travail : développement de la formation et des compétences (83,2 %, légèrement en baisse), amélioration de la prévention, de la santé et de la sécurité au travail (81,1 %, + 5,6 %), gestion de la masse salariale et des coûts RH (80,6 %, +5,2 %). L’adaptation du temps de travail (67,1 %), l’évolution du régime indemnitaire (65,9 %) et la définition d’une politique d’action sociale (46,8 %) progressent également dans la stratégie RH territoriale. À noter que la participation financière à la protection sociale complémentaire (PSC), obligatoire depuis le 1er janvier 2025, a augmenté d’environ 16 points en un an.
Près de quatre collectivités sur dix ont engagé une politique en faveur de la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) : sécurité et hygiène au travail (90 %), amélioration des locaux (79,1 %) et aménagement du temps de travail (79 %). La moitié seulement ont adopté un plan de prévention des risques psychosociaux. Cette politique QVCT est en majorité le fait des grandes collectivités.
Le Baromètre HoRHizons 2025 fait le tour des défis RH auxquels les collectivités sont confrontées, dans un contexte budgétaire incertain.
Marie Gasnier
* Association des Maires de France et des présidents d’intercommunalité, Association des maires ruraux de France, Association des Petites Villes de France, Centre National de la Fonction Publique Territoriale, Conseil Supérieur de la Fonction Publique Territoriale, Départements de France, Fédération Nationale des Centres de Gestion, France Urbaine, Intercommunalités de France, Régions de France, Villes de France.
Publié depuis 2015, le baromètre s’appuie sur une enquête du CNFPT réalisée par Qualitest du 7 octobre au 12 décembre 2024 auprès de 1 000 collectivités territoriales. |