Budget 2025 : les fonctionnaires à l’épreuve des économies

Publié le 11 octobre 2024 à 9h57, mis à jour le 11 octobre 2024 à 9h57 - par

Des fonctionnaires moins nombreux, mais plus productifs : voilà le sens de la politique défendue par le ministère de la Fonction publique, jeudi 10 octobre 2024, après la présentation du projet de loi de finances (PLF) 2025, qui comprend la suppression de 2 201 postes de fonctionnaires pour l’État et ses opérateurs.

Budget 2025 : les fonctionnaires à l'épreuve des économies
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« L’objectif, c’est vraiment de pousser à la simplification. On veut un service public fort, mais sous contrainte de responsabilité financière où chaque euro (dépensé) doit être justifié vis-à-vis des Français », explique le cabinet du ministre Guillaume Kasbarian.

Un discours aligné avec la volonté du ministre de « débureaucratiser à tous les étages », une ambition affichée dès son arrivée à Bercy. Sans pour autant que la baisse annoncée jeudi 10 octobre 2024 soit « un rabot aveugle », selon l’expression de Laurent Saint-Martin, ministre du Budget.

Pour les seuls services de l’État, le texte qui sera présenté dans les jours à venir au Parlement, prévoit la suppression de 1 196 postes : ce solde comprend notamment 4 000 suppressions de postes d’enseignants et 505 au Budget et aux Comptes publics d’une part, tandis qu’en parallèle, 2 000 accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) seraient recrutés, 619 emplois seraient créés à la Justice ou encore 630 dans l’Armée.

Par ailleurs, 1 005 postes d’opérateurs de l’État (comme les grands établissements publics) seraient supprimés.

La baisse du nombre de fonctionnaires fluctue selon les métiers et les ministères. Car si le Premier ministre Michel Barnier avait émis le souhait de ne « pas remplacer tous les fonctionnaires », l’exécutif comptait aussi tenir ses « engagements d’augmentation des effectifs dans les ministères régaliens », indique le ministère de la Fonction publique.

Pour la secrétaire générale de la CFDT Fonctions publiques, Mylène Jacquot, interrogée par l’AFP, « on pourrait se dire qu’on craignait pire ». « Mais on continue d’être très inquiets », réagit la syndicaliste, qui attend avec appréhension les 5 milliards d’économies supplémentaires que le gouvernement compte trouver via des amendements. « Ça représente un quart de l’effort sur les dépenses de l’État, de 20 milliards en tout. C’est énorme et cela pourrait à nouveau concerner les fonctionnaires ».

Afin de justifier la suppression de plus 4 000 postes d’enseignants (en maternelle et élémentaire surtout), le ministère de la Fonction publique avance l’argument de « la baisse continue du nombre d’élèves constatée depuis 2017 ».

Sur les baisses d’effectifs des autres ministères, comme le Budget, le cabinet de M. Kasbarian justifie des « gains de productivité » grâce notamment à « l’intelligence artificielle ».

« 100 000 départs en retraite chaque année »

« Ce sont les vieilles recettes du sarkozysme », s’insurge auprès de l’AFP Natacha Pommet, représentante de la CGT, pour qui ces suppressions de postes sont « une grave erreur pour le fonctionnement des services publics ».

À la CFDT non plus, la baisse du nombre d’enseignants ne passe pas : « Les enseignants, ils ne sont pas au contact du public, peut-être ? », fait mine de s’interroger Mylène Jacquot, en référence aux propos du Premier ministre début octobre, qui évoquait des suppressions de postes chez les fonctionnaires « qui ne sont pas en contact avec les citoyens ». Pourtant, le syndicat réformiste assure ne pas être « par principe, opposé à la simplification » prônée par Guillaume Kasbarian. « Mais ce doit être constructif », nuance Mylène Jacquot.

« On a plus de 100 000 départs en retraite sur l’année » et ces postes seront remplacés dans une écrasante majorité, relativise le ministère de la Fonction publique.

En rencontrant les syndicats début octobre, Guillaume Kasbarian avait tenté de les rassurer sur les effectifs. « Il a convenu » que les futures réformes devaient se faire « avec les agents, et pas contre eux », se souvient Mylène Jacquot.

« Seule bonne nouvelle » dans les annonces de jeudi soir : la création de 2 000 emplois d’AESH, dont on avait « vraiment besoin », salue la CFDT, rejointe par la CGT sur ce constat.

Mais outre la question des suppressions de postes dans la fonction publique, les réductions de dépenses des ministères inquiètent les syndicats : « On n’a plus les moyens pour travailler », explique Natacha Pommet.

Au total, selon ce PLF, les 2 201 fonctionnaires en moins permettraient d’économiser 100 millions d’euros en 2025.

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