À Paris, entre 100 et 150 personnes se sont rassemblées dans le froid devant l’hôtel des Invalides. « On ne peut pas vivre avec 1 000 euros », dénonce Biljana Petkovic, 53 ans, AESH à Maisons-Alfort, depuis 9 ans, syndiquée FO.
Elle déplore ne « jamais avoir eu de formation ». Accompagner un enfant en situation de handicap, « ça demande de la concentration. On fait un peu de tout. Le garde du corps, la surveillance, la socialisation, le travail pédagogique dans la classe… », énumère Chaker Brahmi, AESH à Saint-Ouen depuis 2008, 53 ans également et syndiqué au FSU-SNUipp 93. « Si on manque d’attention une seconde, ça peut partir en conflit. Je me rappelle avoir suivi un enfant pendant 7 ans, c’était impossible de prendre une pause, même aller aux toilettes », décrit-il. « On demande un statut de catégorie B », à savoir un statut intermédiaire dans la hiérarchie de la fonction publique, poursuit-il.
À Toulouse, entre 150 et 200 AESH se sont réunis dans le centre-ville, pour dénoncer là aussi leur précarité.
Sarah Elvira, 26 ans, AESH au collège Georges Sand, dans l’ouest populaire de la ville rose, est AESH depuis trois ans et dit aimer son métier mais s’insurge : « avec le salaire que je perçois, les horaires que je fais, c’est pas un travail décent ». Elle décrit un contrat de 24 heures par semaine « étalé sur toute la semaine donc sans possibilité de prendre un 2e travail en étant payé 800 euros net par mois ». « J’ai de la chance, je bosse dans un seul établissement mais y a énormément d’AESH qui sont sur plusieurs établissements et qui doivent faire en plus de leurs horaires, des déplacements, pas pris en charge évidemment », explique-t-elle.
À Lille, quelques dizaines d’AESH ont également manifesté devant le rectorat, a constaté l’AFP.
« Un vrai statut, un vrai salaire », pouvait-on lire sur une banderole.
Thierry Quétu, enseignant et secrétaire régional du syndicat FSU Hauts-de-France, souligne que la « fonction d’AESH est devenue essentielle. Ces collègues, qui nous aident quotidiennement, sont majoritairement recrutés sous des contrats précaires de 24 ou 28 heures hebdomadaires. Leur rémunération avoisine les 900 euros par mois, c’est inacceptable ».
Les AESH sont devenus le deuxième métier de l’Éducation nationale, avec 78 816 agents (en équivalents temps plein) en 2023, en hausse de 90 % depuis 2013.
Le Premier ministre François Bayrou s’est dit mercredi 15 janvier 2025 « prêt à renoncer » à la suppression envisagée par son prédécesseur de 4 000 postes dans l’Éducation nationale, une des demandes formulées par les socialistes dans les discussions visant à éviter une censure.
En parallèle, la ministre de l’Éducation Élisabeth Borne a promis la création de « 2 000 postes d’AESH pour poursuivre la dynamique de l’école inclusive », dans un entretien au Parisien paru mercredi soir. Elle a d’ailleurs assuré vouloir mettre « à l’agenda social » des discussions pour pouvoir proposer un « vrai parcours professionnel » à ces personnels.
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