Donner un coup de jeune aux classes de découverte

Publié le 3 mai 2024 à 9h30 - par

Les parlementaires ont entamé l’examen d’une proposition de loi visant à relancer l’organisation des classes de découverte.

Donner un coup de jeune aux classes de découverte
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« Classes de neige », « classes de mer », « classes forêt »… Au fil des ans, les classes de découverte, ou voyages scolaires selon le vocabulaire officiel du ministère de l’Éducation nationale sont quelque peu tombés en désuétude. Émilie Bonnivard, députée de la Savoie, et les membres du groupe Les Républicains et apparentés ont donc rédigé une proposition de loi visant à relancer l’organisation des classes de découverte. Le texte a été adopté en première lecture par l’Assemblée nationale le 1er février 2024 et, depuis, transmis au Sénat. « Excellente nouvelle pour les élèves et leurs enseignants ! », salue l’Union nationale des organisations de séjours éducatifs, linguistiques et formation en langues (UNOSEL). Pour cette association, la proposition de loi devrait permettre de « faire face à la baisse constante du nombre de classes de découvertes, ainsi que leur durée. »

De fait, on dispose de peu de chiffres sur les classes de découverte. « Selon la Ligue de l’enseignement, nous savons seulement qu’en 1995, 584 780 élèves, soit 26 130 classes, ont effectué un séjour d’au moins 5 jours. En 2002, le nombre de jours se restreint dans les calculs à “au moins deux jours” pour 700 039 élèves », rapporte seulement la députée de la Savoie.

Une circulaire du 13 juin 2023 relative à l’organisation des sorties et voyages scolaires dans les écoles, les collèges et les lycées publics du ministère de l’Éducation nationale « réaffirme les sorties scolaires comme temps fort dans le parcours scolaire de chaque enfant qui favorisent l’acquisition de connaissances et de compétences, concourent à l’épanouissement des élèves et à leur ouverture au monde. » Celle-ci ajoute : « Ainsi, tout élève, quel que soit son milieu social d’origine, doit pouvoir bénéficier d’au moins un voyage scolaire au cours de sa scolarité obligatoire. Par conséquent, les écoles et les établissements scolaires sont invités à encourager l’organisation de ces séjours. »

Parallèlement, des mesures facilitant l’organisation de ces séjours ont été initiées par le ministère de l’Éducation nationale, comme le catalogue national des structures d’accueil et d’hébergement ou encore la réduction du délai d’instruction des dossiers de 8 à 4 semaines, avec une décision rendue désormais non plus par le directeur d’académie, mais par l’inspecteur de circonscription. La « Trousse à projets » ou « Sortie sco » ont également le mérite d’exister, mais ne répondent pas aux problématiques, selon les auteurs de la proposition de loi.

« Si ces avancées sont positives, elles resteront lettre morte sans de nouveaux moyens répondant aux principaux freins au départ. Or aucun n’est prévu en ce sens » dans la loi de finances pour 2024, peut-on lire dans l’exposé des motifs de la proposition de loi. Selon ses rédacteurs, ce texte vise ainsi « à y répondre et à donner réellement les moyens aux écoles et aux enseignants de l’école primaire de relancer les voyages scolaires. » Émilie Bonnivard et les cosignataires du texte ont identifié deux freins principaux aux départs : le financement des séjours et l’absence de valorisation du travail des enseignants s’engageant dans ces projets.

Par son article 1er, la proposition de loi vise donc à soutenir financièrement les départs de voyages scolaires par la création d’un « fonds national d’aide au départ des voyages scolaires. » Une aide serait accordée par le ministère chargé de l’Éducation nationale aux écoles primaires publiques ou privées sous contrat pour prendre en charge une partie des dépenses liées aux voyages scolaires d’une durée de deux nuitées au moins. Seules seraient éligibles aux aides du fonds national les écoles auxquelles une collectivité territoriale ou un établissement public de coopération intercommunale (EPCI) de rattachement verserait une aide financière destinée aux voyages scolaires. Le montant de l’aide varierait en fonction de la durée du voyage scolaire et tiendrait compte des différences de situation sociale entre les écoles. La charge pour l’État serait compensée par la création d’une taxe additionnelle sur les tabacs.

L’organisation d’un départ repose uniquement sur la motivation, le volontarisme et le quasi-bénévolat des enseignants, pointent les auteurs de la proposition de loi. Selon eux, il convient que cet engagement en temps et en responsabilité supplémentaires des enseignants puisse bénéficier d’une reconnaissance financière. L’article 2 du texte prévoit donc d’attribuer une part fonctionnelle de l’indemnité de suivi et d’accompagnement des élèves aux enseignants des écoles primaires qui assument une mission d’organisation et d’accompagnement d’un voyage scolaire d’une durée de trois nuitées au moins. Les conditions d’attribution de cette indemnité seront fixées par voie réglementaire.


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