« 30 minutes d’activité physique quotidienne à l’école » : bilan en demi-teinte

Publié le 7 octobre 2024 à 9h35 - par

Un récent rapport sénatorial invite à redonner du souffle au dispositif pour améliorer la santé des élèves.

« 30 minutes d’activité physique quotidienne à l’école » : bilan en demi-teinte
© Par Sergey Novikov - stock.adobe.com

Annoncé en février 2020 par le comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, le dispositif des « 30 minutes d’activité physique quotidienne à l’école » (APQ) visait initialement à lutter contre la sédentarité des enfants. S’adressant dans un premier temps à des écoles volontaires, il a été généralisé à l’ensemble des écoles primaires à la rentrée 2022. Deux ans après, la Commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport du Sénat a souhaité évaluer la mise en œuvre territoriale de ce dispositif. Son rapport d’information a été adopté et mis en ligne le 25 septembre 2024.

Loin de l’affirmation présidentielle évoquant une pratique qui concernerait 90 % des élèves du primaire, le constat réalisé sur le terrain par les deux rapporteures pointe un manque de coordination entre les différents acteurs, un déploiement partiel et des interrogations sur les objectifs à atteindre. Ainsi, selon les deux sénatrices – Laure Darcos (Essonne, Les Indépendants – République et Territoires) et Béatrice Gosselin (Manche, Les Républicains) –, moins de la moitié (42 %) des écoles primaires mettent en œuvre de manière certaine l’APQ pour plus de la moitié de leurs élèves. Pour éviter que le dispositif ne soit abandonné après les JO, leur rapport formule six recommandations visant à réaffirmer les objectifs de santé publique qui lui ont été assignés, à accompagner les enseignants dans sa mise en œuvre au quotidien et à associer l’ensemble des acteurs intervenant sur les temps de l’enfant.

Malgré un dispositif existant depuis 4 ans pour les premières écoles volontaires, aucune étude de santé publique sur les effets des 30 minutes d’APQ sur la lutte contre la sédentarité n’a, à ce jour, été menée. À de rares exceptions, les Agences régionales de santé (ARS) n’ont pas été associées au déploiement de ce dispositif. La recommandation n° 1 du rapport est donc de mesurer l’impact du dispositif en matière de lutte contre la sédentarité sur une cohorte d’élèves, en lien avec les ARS.

De manière consensuelle, les acteurs rencontrés par Laure Darcos et Béatrice Gosselin ont souligné la nécessité de clarifier les objectifs du programme et de réaffirmer sa vocation première : lutter contre la sédentarité. Afin de rappeler son objectif premier de santé publique, elles préconisent donc de le renommer : « PABE » pour « pauses actives et de bien-être ». Il s’agit également d’éviter toute confusion entre APQ et EPS, en rappelant que le dispositif est réalisable en plusieurs séquences courtes tout au long de la journée.

Pour inciter les élèves à se dépenser pendant les récréations et les temps périscolaires, l’aménagement des cours d’école est essentiel, soulignent les deux sénatrices. S’ensuivent deux recommandations :

  • recourir à un marquage dynamique dans les cours d’école permettant une diversité d’activités physiques et de jeux actifs, afin d’inciter les enfants à se dépenser ;
  • associer les intervenants du temps périscolaire à la mise en œuvre d’activité physique quotidienne (APQ) et élaborer conjointement périodiquement (par exemple, une fois par trimestre) de nouvelles activités ludiques que les enfants pourront réaliser pendant les temps de récréation ou périscolaires (jeux dynamiques, danse…).

À cet égard, le rapport regrette que les communes, « actrices pourtant essentielles dans la mise en œuvre de ce dispositif du fait de leurs compétences en termes d’aménagement des cours et des salles de classe, mais aussi en tant que responsables du temps périscolaire, n’aient pas été associées et informées de ce dispositif. »

L’APQ doit être intégrée aux réflexions sur le renouvellement des pratiques pédagogiques dans les formations disciplinaires, plaident les deux sénatrices. Par ailleurs, afin que le dispositif puisse essaimer dans toutes les écoles, chacune d’entre elles doit disposer, au sein de l’équipe pédagogique, d’une personne ayant bénéficié d’une formation dédiée à l’APQ, présentant des mises en œuvre concrètes et privilégiant les échanges entre pairs. Elles recommandent donc de former, en trois ans, au moins un enseignant par école spécifiquement sur l’APQ. Le rapport suggère également d’inclure dans les formations initiale et continue portant sur les savoirs fondamentaux des exemples « d’apprentissages dynamiques » en lien avec l’APQ.

Enfin, pour Laure Darcos et Béatrice Gosselin, il est indispensable de chercher à mobiliser les parents pour atteindre l’objectif des 60 minutes d’activité physique quotidienne recommandé par l’OMS. C’est le sens de leur ultime recommandation : « Afin de lutter contre la sédentarité des jeunes, rappeler aux parents en début d’année les objectifs de dépense physique fixés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les associer systématiquement à la réalisation de cet objectif, par exemple à travers des défis à réaliser en dehors du temps scolaire. »


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