À la veille de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars, le gouvernement vante son action en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes, dont le président de la République a fait la grande cause de ses deux quinquennats. À l’occasion du Conseil des ministres du 5 mars 2025, le Premier ministre et sa ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations ont présenté une très longue communication sur le sujet. Depuis 2017, sous l’impulsion du chef de l’État, la France a agi dans tous les domaines : lutte contre les violences, promotion de l’égalité professionnelle et économique, renforcement de l’accès à la santé et éducation à l’égalité, ont énuméré François Bayrou et Aurore Bergé. Pas de quoi pavoiser, toutefois, estime l’ONG Oxfam France. « La France a été classée 48e pays du monde en matière d’égalité dans le secteur économique par le Forum économique mondial en 2024 », pointe l’organisation dans un récent communiqué. Et « les travailleuses françaises gagnent toujours 23,5 % de moins que leurs homologues hommes » dans le secteur privé.
Faisant fi de ces critiques, « la France a déjà accompli des avancées déterminantes », insiste le compte-rendu du Conseil des ministres, suite au Grenelle de lutte contre les violences conjugales de 2019 et au plan interministériel « Toutes et tous égaux » 2023-2027, lancé le 8 mars 2023. Les moyens consacrés aux politiques d’égalité ont plus que triplé entre 2020 et 2025. Entre 2024 et 2025, le budget dédié du ministère a augmenté de plus de 20 %, pour atteindre 94 millions d’euros. À l’initiative du Premier ministre, un comité interministériel sera prochainement réuni et « permettra notamment l’évaluation et l’accélération de notre engagement à mi-parcours de la mise en œuvre du plan. »
La lutte contre les violences faites aux femmes
La lutte contre toutes les formes de violences faites aux femmes constitue « une priorité absolue » du gouvernement. Lancé le 3 septembre 2019, le Grenelle des violences conjugales a permis la mise en œuvre d’un « plan d’action global et inédit. » Le numéro d’urgence 3919 a été développé et peut désormais être joint 24h/24 et 7 j/7. Couvrant l’intégralité du territoire depuis 2021, il est aussi devenu accessible aux personnes en situation de handicap. Dans le même temps, le parc d’hébergement dédié à la mise en sécurité des femmes victimes de violences a doublé en 5 ans, passant de 5 000 places en 2017 à plus de 11 000 places à la fin de l’année 2024. Les ordonnances de protection ont été renforcées, et une ordonnance de protection immédiate a été créée.
Le Téléphone grave danger (TGD), dispositif de téléprotection permettant à la victime d’alerter les forces de l’ordre en cas de danger, a été développé. 6 261 TGD sont aujourd’hui déployés sur notre territoire. De même, 817 bracelets anti-rapprochement (BAR) sont actuellement actifs. Ils permettent de géolocaliser en permanence le porteur du bracelet et la personne protégée, afin d’alerter les forces de l’ordre lorsque ce dernier se rapproche d’elle.
Mise en œuvre depuis décembre 2023, l’aide universelle d’urgence permet de sécuriser financièrement les victimes pour se mettre à l’abri et faire face à des dépenses immédiates au moment de la séparation. En un peu plus d’un an, plus de 38 000 personnes en ont bénéficié grâce à l’engagement des caisses d’allocations familiales (CAF) et de la Mutualité sociale agricole (MSA), qui les délivrent en un à trois jours, se félicite le gouvernement. Enfin, lancée par le ministère de l’Intérieur en 2018, la plateforme Arretonslesviolences.gouv.fr permet de trouver des informations, de signaler des violences et de dialoguer 24h/24 et 7 j/7 avec des policiers formés à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Parallèlement, l’arsenal judiciaire a été renforcé, notamment par la loi du 3 août 2018 renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes et celle du 21 avril 2021 visant à protéger les mineurs des crimes et délits sexuels et de l’inceste. Le gouvernement entend encore renforcer l’arsenal juridique pour mieux accompagner les victimes dans leurs démarches judiciaires, mieux qualifier les faits, prendre en compte de nouvelles formes de violences pour mieux sanctionner les auteurs, ont annoncé François Bayrou et Aurore Bergé. Des propositions de loi sont déposées en ce sens et feront l’objet d’un soutien de l’exécutif.
L’accès à une véritable santé
L’endométriose est devenue un enjeu de santé publique avec le lancement de la première stratégie nationale dédiée en 2022. Le gouvernement a aussi annoncé, en février 2025, l’expérimentation de tests salivaires.
Par ailleurs, il encourage la recherche sur les spécificités du corps féminin et travaille à une meilleure prise en compte et un meilleur accompagnement des pathologies féminines, complètent le Premier ministre et sa ministre déléguée. « Avec une conviction forte : la santé des femmes ne saurait se résumer à leur santé gynécologique et sexuelle. » Aussi, un effort particulier sera conduit ces prochains mois et années en faveur de la prévention et de la prise en charge des maladies cardio-vasculaires, qui restent la première cause de décès des femmes en France.
L’autonomie économique et professionnelle des femmes
« L’émancipation économique des femmes ne sera pas possible tant que le slogan “à travail égal salaire égal” ne sera pas devenu une réalité et que la nomination d’une femme présidente directrice générale (PDG) d’une entreprise du CAC 40 restera un événement exceptionnel », peut-on lire dans le compte-rendu du Conseil des ministres. « Depuis 2017, la France a fait de nombreux progrès en la matière », plaident François Bayrou et Aurore Bergé, notamment grâce à l’Index Égalité professionnelle. Étendu aux trois fonctions publiques depuis fin 2024, cet outil sera encore renforcé dans le cadre de la transposition de la directive européenne sur la transparence salariale, annoncent-ils. Des concertations en ce sens seront menées avec les partenaires sociaux, qui ont été réunis par Catherine Vautrin et Aurore Bergé ce mardi 4 mars. « Pour accélérer la marche vers l’égalité professionnelle, nous avons instauré une obligation de représentation équilibrée entre les femmes et les hommes parmi les cadres dirigeants des grandes entreprises », ajoute encore l’exécutif. Dès 2026, les entreprises de plus de 1 000 salariés devront atteindre un objectif minimum de 30 % de femmes membres d’instances dirigeantes. Cet objectif sera porté à 40 % en 2029. Enfin, le gouvernement va continuer d’encourager l’entreprenariat des femmes dans tous les départements, à l’image de la deuxième édition des « 101 femmes entrepreneures », lancée lundi 3 mars en partenariat avec Bpifrance.
L’éducation
« C’est dès l’enfance que se forgent les esprits et les imaginaires, que se dessinent les ambitions et que se combattent les stéréotypes. L’enjeu est d’autant plus grand que les discours masculinistes trouvent un écho inquiétant auprès des adolescents », soulignent le Premier ministre et la ministre déléguée. Aussi, la dynamique de labellisation « Égalité filles-garçons » des établissements est achevée et celle des établissements du premier degré est en cours. « C’est aussi à l’école que l’on doit apprendre, à tous les âges et avec des mots simples, des principes concrets et essentiels pour notre vie intime et collective comme le consentement, le respect ou l’intégrité du corps. » En 2025, les premiers programmes d’éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité, publiés le 30 janvier, seront mis en œuvre dans tous les établissements scolaires de tout statut et sur l’ensemble de notre territoire, rappelle le compte-rendu du Conseil des ministres.