Après les cheminots et les agriculteurs, l’exécutif se prépare à un nouvel avis de tempête sociale au cœur d’une semaine à haut risque compte tenu de l’incertitude politique face à une motion de censure déposée par la gauche et que le RN a annoncé voter.
Plusieurs dizaines de rassemblements sont prévus en France jeudi 5 décembre à l’appel d’une intersyndicale, notamment à Paris.
Dans la capitale, le rendez-vous est donné près du ministère de l’Économie et des Finances en début d’après-midi, d’où un cortège doit rejoindre la place d’Italie. Selon le site de l’UNSA, l’un des syndicats, une cinquantaine de rassemblements sont recensés en France.
L’annonce fin octobre par le gouvernement d’un plan de lutte contre l’« absentéisme » des fonctionnaires, qui doit permettre de dégager 1,2 milliard d’euros d’économies, a progressivement tendu les relations entre les syndicats d’agents et le ministre de la fonction publique, Guillaume Kasbarian, avant d’aboutir à une rupture du dialogue social.
Les syndicats exigent notamment que le ministre renonce à trois mesures qui cristallisent la colère : le passage d’un à trois jours de carence pour les fonctionnaires malades, la réduction de 100 % à 90 % de la rémunération en cas d’arrêt maladie, et la non-reconduction du versement d’une prime en soutien au pouvoir d’achat.
Cet épisode survient dans une séquence politique tumultueuse après que Michel Barnier a engagé lundi 2 décembre 2024 la responsabilité du gouvernement sur le projet de loi de finance de la sécurité sociale, provoquant le dépôt d’une motion de censure par la gauche que le RN a annoncé voter dans la foulée.
À cette situation s’ajoute une incertitude budgétaire, le gouvernement étant toujours en quête de 60 milliards d’euros d’effort pour relever des finances publiques en berne et ramener le déficit à 5 % du PIB en 2025, contre 6,1 % en 2024.
« Acte fort »
Si Guillaume Kasbarian avait acté l’abandon d’une proposition contestée de fusion des catégories de fonctionnaires envisagée par son prédécesseur, il est resté inflexible sur les autres mesures. Des décisions « difficiles mais assumées », destinées à « aligner » les secteurs publics et privé, et rendues indispensable par une situation des finances publiques délicate, défend son entourage.
La mobilisation jeudi doit permettre de « poser un acte fort » après des « preuves d’hostilité à la fonction publique », estime Benoît Teste, secrétaire général fonction publique de la FSU, un syndicat très implantée dans l’éducation. Selon des remontées du terrain, il devrait y avoir « autour de 50 % de grévistes dans l’éducation » estime-t-il.
Plus de sept mois après le dernier mouvement social – peu suivi – des fonctionnaires, « on est parti sur quelque chose de bien plus gros jeudi », assure Luc Farré, secrétaire général de l’UNSA fonction publique, dont l’organisation a décidé mi-novembre de ne plus siéger dans les « instances de dialogues social présidées par le ministre ».
Pour Solidaires, l’hypothèse d’une censure du gouvernement d’ici jeudi « ne changerait rien pour la manifestation et la grève », car « si le gouvernement tombe, et cela reste sous réserve, cela permettra de montrer la détermination pour le prochain gouvernement à ce que les agents ne soient pas sacrifiés », a estimé Gaëlle Martinez, secrétaire générale de Solidaires fonction publique à l’AFP.
L’intersyndicale large – CGT, CFDT, UNSA, FSU, CFE-CGC, Solidaires et FA-FP – compte toutefois un absent de taille, Force ouvrière, premier syndicat représentatif dans l’ensemble de la fonction publique.
Tout en soutenant les revendications, FO ne s’est pas associé à la mobilisation national du 5 décembre, disant privilégier une grève de trois jours reconductible les 10, 11 et 12 décembre, en « convergence » avec d’autres secteurs. Toutefois l’organisation participe localement à diverses mobilisations.
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