Avec 2,8 millions d’habitants, la région Bourgogne-Franche-Comté voit sa population diminuer, notamment dans les intercommunalités isolées ou situées dans des zones économiques fragiles. Elle offre pourtant des conditions de vie attractives : patrimoine naturel riche et préservé, bassin d’emploi dynamique (c’est la première région industrielle de France, avec 268 000 entreprises), maillage d’infrastructures routières, faible prix de l’immobilier, vie touristique et culturelle… « En Bourgogne-Franche-Comté, nous avons tout, sauf la mer ! », résume la présidente de région Marie-Guite Dufay. Il fallait trouver un moyen de combler le solde naturel négatif d’un territoire où les nouveaux venus ne compensent pas le faible taux de naissances. Et donner envie de s’installer à ceux qui veulent « changer de vie, quitter le bruit et la pollution », en leur offrant un accompagnement sur mesure.

Trente-cinq collectivités volontaires se sont donc regroupées autour du conseil régional, au sein d’un dispositif qui vise à booster l’attractivité résidentielle. Les territoires reçoivent le soutien financier et opérationnel de la région, dans une approche collaborative et non pas descendante. « C’est le territoire qui mène la démarche, et non l’institution, a ainsi précisé Patrick Ayache, vice président de la région en charge du tourisme, de l’attractivité et de la promotion des terroirs, le 9 octobre 2024 à Paris, lors de la conférence de lancement.

Le service régional d’accompagnement à l’installation de nouveaux habitants a pour ambition de convaincre au moins 2 000 familles à emménager en Bourgogne-Franche-Comté d’ici 2026. Ce dispositif repose sur trois piliers : une campagne de communication ciblée (« Venez vivre en Bourgogne-Franche-Comté, c’est franchement bien »), un site internet dédié et surtout, le suivi par un chargé d’accueil recruté à dessein par les territoires. Chaque futur résident peut ainsi disposer d’un parcours d’accompagnement personnalisé, en fonction de son projet de vie, son domaine d’activité et le type de territoire où il cherche à s’implanter : urbain, rural, montagne… Sur le site, un questionnaire aide les chargés d’accueil à cerner la situation personnelle et professionnelle du candidat, afin de lui proposer une sélection des lieux de vie les plus adaptés et des offres d’emploi ou de reprise d’entreprise personnalisées. Les chargés d’accueil disposent d’un logiciel pour accéder en temps réel aux statistiques et aux offres d’emploi de France Travail, trier les profils par métiers, date de contact, type de projet… Sans compter qu’avec leur propre réseau et leur connaissance approfondie du territoire et de ses opportunités, ils sont capables d’aider les futurs habitants tous azimuts : recherche de logement, de garde d’enfants, d’activités sportives, inscriptions scolaires, mise en relation avec des employeurs, organisation de rendez-vous avec des élus ou des artisans… Ils guident ainsi les candidats à chaque étape de leur projet de déménagement.

« Il y a quatre fois plus de chance d’installer quelqu’un et de le faire rester durablement dans un territoire quand il est accompagné de A à Z par un chargé d’accueil, explique Patrick Ayache. Et l’installation de cinquante nouveaux foyers génère à elle seule 1,6 million d’euros par an de pouvoir d’achat dépensé sur le territoire et la création de huit emplois supplémentaires ».

Chacun des trente-cinq territoires dispose d’atouts différents que cette action collective, qui n’est « ni une démarche marketing, ni une démarche de communication », leur offre l’opportunité de mettre en valeur. Elle repose également sur partenariat avec divers organismes régionaux : agence économique régionale, Bourgogne-Franche-Comté tourisme, mission d’accompagnement, de soutien et de conseil aux offices de tourisme (Mascot), chambre de commerce et d’industrie régionale et Action logement BFC. L’agence Laou, spécialiste de l’attractivité résidentielle, accompagne ce projet pilote pour la période 2024-2026. En 2021, la Bourgogne-Franche-Comté a accueilli 47 500 nouveaux arrivants, plus jeunes (36 ans en moyenne contre 44 ans pour la population en place) et plus diplômés.

Martine Courgnaud – Del Ry