La loi dite Climat et résilience, adoptée en 2021, prévoyait que cette « Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat » (SNANC), recommandée par la Convention citoyenne sur le climat, soit élaborée d’ici au 1er juillet 2023. Au terme d’allers et retours ministériels, le texte est désormais en consultation en ligne jusqu’au 4 mai 2025.
Son objectif : déterminer les orientations à horizon 2030 « de la politique de l’alimentation durable, moins émettrice de gaz à effet de serre, respectueuse de la santé humaine, davantage protectrice de la biodiversité, favorisant la résilience des systèmes agricoles et des systèmes alimentaires territoriaux et garante de la souveraineté alimentaire ».
Elle prévoit entre autres des engagements sur la qualité nutritionnelle et la durabilité dans les secteurs de la transformation, et la réduction de la pression marketing sur la population.
Cette « stratégie marque un réel progrès vers la définition d’une politique de l’alimentation, pour tenir compte de l’ensemble des enjeux », ont souligné vendredi 4 avril 2025 plusieurs dizaines d’ONG, pour qui « elle présente l’intérêt de mobiliser des leviers qui dépassent les seuls dispositifs d’information du consommateur ».
« Pour autant, des mesures centrales sont absentes ou trop timorées » et « la majorité des mesures mentionnées sont de nature incitative », regrettent ces associations, parmi lesquelles le Réseau action climat, Action contre la faim, CLCV, Commerce équitable France, la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB), le Secours catholique.
Par rapport à la version antérieure, le texte a été amputé de l’action visant à « réduire efficacement l’exposition des enfants et adolescents aux publicités pour des produits trop gras, sucrés, salés, par un renforcement à terme du cadre réglementaire », soulignent-elles. Dans la nouvelle version, il est question de « levier incitatif ».
Ce choix « contraste avec la décision du gouvernement britannique d’interdire la publicité pour la malbouffe sur internet et à la télévision en journée à compter du 1er octobre », relèvent les ONG. Elles regrettent, par ailleurs, l’absence d’objectifs chiffrés de réduction de la consommation de viande, ce qui est « très problématique, car seuls des objectifs chiffrés permettent de fixer une trajectoire ».
Pour le ministère de l’Agriculture, « l’enjeu sur la consommation de viande est de limiter les surconsommations », et cela « est bien inscrit dans la SNANC ». Sollicité sur le lien entre réduction de la consommation de viande et réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’élevage, le ministère n’a pas répondu.
« Le message ne concerne pas seulement les aspects quantitatifs, il porte aussi sur le qualitatif », a précisé le ministère de la Transition écologique, affirmant que « la SNANC ne fixe pas des injonctions pour les consommateurs, isolées de leur contexte, elle oriente les politiques publiques ».
Un objectif de réduction de la consommation de viande de 12 % hors volaille avait figuré dans une version de travail de la stratégie consultée par l’AFP, en s’appuyant sur la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), dont la version actuelle ne fait pas mention.
« La SNANC s’inscrit dans le cadre de la SNBC et des recommandations nutritionnelles, lesquelles établissent une tendance sur laquelle la SNANC est alignée », a ajouté le ministère de la Transition écologique.
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