L’Observatoire Datapublica a publié, mi-novembre, la 3e édition de son baromètre sur « Les collectivités territoriales et la donnée ». L’enquête de l’Observatoire a été diffusée durant les mois de juin et juillet 2024 auprès d’un échantillon de 289 collectivités et établissements publics locaux, dont 43 % de communes de moins de 3 500 habitants.
Les résultats de l’enquête 2024 confirment des tendances déjà observées les années précédentes : la data est utilisée par de plus en plus de collectivités, quelle que soit leur taille, et pour des usages de plus en plus variés. À noter : 63 % des collectivités déclarent héberger leurs données sur leurs propres serveurs. Cette solution interne est plébiscitée dans les métropoles (85 %) et les communes de plus de 100 000 habitants (86 %).
L’an 1 de l’IA territoriale ?
Les enquêtes de 2022 et 2023 avaient surtout montré la richesse des initiatives de territoires pionniers, rappelle l’Observatoire Datapublica. L’enquête 2024 montre une accélération des pratiques et des usages, avec une plus grande diversité de projets. Ainsi, le pourcentage de collectivités ayant engagé au moins un projet data au cours des deux dernières années progresse de façon significative. En moyenne, le total passe de 41 % en 2022 à 65 % en 2024. 100 % des régions et des métropoles, 88 % des départements, 80 % des EPCI sont désormais concernés. Pour les communes, la moyenne passe de 18 % à 47 %. Plus spectaculaire encore, souligne l’Observatoire, le nombre de communes de moins de 3 500 habitants ayant engagé au moins un projet data est passé de 7 % à 42 % en 2 ans !
L’enquête 2024 témoigne que les données sont utilisées par les collectivités dans de nombreux domaines de l’action publique. Les deux principales thématiques sont l’administration et la gestion interne (59 % des collectivités de plus de 3 500 habitants déclarent avoir des projets data dans ce domaine) et la transition écologique sous ses multiples facettes : gestion de l’énergie et de l’éclairage publique (58 %), mobilité (55 %) ou encore gestion de l’eau (46 %) et des déchets (40 %). Certaines thématiques progressent fortement depuis l’enquête 2023. La plus forte progression concerne la gestion de l’énergie et de l’éclairage public : en 2024, 58 % des collectivités déclarent avoir déjà engagé des projets dans ce domaine, ou souhaiter le faire dans les 12 prochains mois, contre seulement 44 % l’année précédente. « Cette progression s’explique sans doute par la flambée des prix de l’énergie consécutive à un contexte géopolitique incertain (guerres en Ukraine et au Proche-Orient). Pour y faire face, de nombreuses collectivités ont déployé des solutions de pilotage des données énergétiques et de gestion des bâtiments publics », commentent les responsables de l’Observatoire Datapublica.
Mais le fait marquant de l’année est l’explosion du nombre de projets d’usage de l’intelligence artificielle (IA) au sein des collectivités françaises, insiste l’enquête. « Avec des enseignements importants sur les difficultés rencontrées : l’IA oui, mais pas n’importe comment, pas à n’importe quel prix et pas pour n’importe quoi. La question de la confiance notamment est doublement posée : confiance des décideurs dans les systèmes expérimentés et confiance des usagers », précisent ses auteurs.
Quoi qu’il en soit, mi-2024 plus d’une collectivité sur deux (51 %) annonce avoir soit déjà mis en place ou testé un système d’intelligence artificielle (36 %), soit vouloir le faire dans les douze prochains mois (15 %). Les pourcentages les plus élevés concernent les régions (75 % ont déjà engagé des projets en 2024) et les métropoles (62 %). Mais, pour la première fois, un nombre significatif de communes de 3 500 à 10 000 habitants sont concernées : 14 % ont engagé des projets contre aucune dans l’enquête 2023 ! Parmi les projets déjà engagés en 2024, 29 % concernent la gestion administrative et 11 % la relation aux usagers. Ces projets représentent, à eux seuls, 40 % du total et pourraient même représenter 56 % des nouveaux projets en 2025.
Les Français partagés sur l’utilisation croissante de la data
Le baromètre 2024 intègre aussi les résultats d’une enquête menée par IPSOS auprès des Français. Tous les 2 ans, l’Observatoire Datapublica cherche à mesurer la perception que les citoyens et les usagers du service public ont de l’utilisation croissante de la data par le service public. Cette année, le bilan est contrasté, de l’aveu même des responsables de l’Observatoire. « L’ambiance générale est plutôt maussade. 55 % des Français considèrent que l’usage croissant des données dans notre société est une assez (41 %) ou une très mauvaise chose (14 %). Néanmoins, une large majorité (70 %) perçoit l’utilité des données pour améliorer la gestion des services publics. Les Français font surtout confiance aux acteurs de la santé pour gérer les données. En tête, les pharmaciens (avec un taux de confiance de 77 %), suivis du système de santé, des hôpitaux et des médecins (74 %), puis de la sécurité sociale (72 %).
« Le niveau de la confiance accordée aux acteurs publics en général, et aux collectivités territoriales en particulier, tranche avec le ressenti général, et demeure élevé », estiment toutefois les auteurs de l’enquête. Ils notent ainsi que les niveaux de confiance accordés à la commune et l’intercommunalité (66 % de confiance), la région ou le département (65 % de confiance) sont bien plus élevés que ceux accordés à l’État (49 %). Enfin, les Français rejettent massivement une IA au guichet des services publics. Huit sur dix préfèrent s’adresser à un humain plutôt qu’à une intelligence artificielle.