« Indispensable », une petite ligne de train va renaître en Lorraine

Publié le 16 avril 2025 à 8h10 - par

Fermée en 2016 faute d’entretien, la petite ligne ferroviaire entre Nancy et Contrexéville (Vosges) s’apprête à renaître sous l’impulsion de la Région Grand Est, un projet emblématique du combat mené par les populations locales pour des liaisons jugées indispensables au désenclavement des territoires ruraux.

« Indispensable », une petite ligne de train va renaître en Lorraine
© Par Givaga - stock.adobe.com

Sur les petites lignes ferroviaires, « il y a eu des décennies et des décennies de sous-investissements en France. Nous, on se saisit de tous les outils pour rattraper ça », explique à l’AFP David Valence, président de la commission transports au conseil régional.

Un abandon également pointé, à une autre échelle, par les usagers des lignes Intercités Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT) et Paris-Clermont-Ferrand, qui devaient se rendre mardi 15 avril 2025 dans la capitale à bord de deux « trains de la colère » pour défendre des « lignes sinistrées ».

En Lorraine, la ligne de proximité d’environ 75 km permettant de relier Nancy à Contrexéville en 1h10 doit être entièrement réhabilitée à partir de septembre, pour une mise en service fin 2027. Un projet à 150 millions d’euros, auxquels il faudra ajouter 320 millions pour faire circuler les trains pendant 20 ans, avec la promesse de 14 allers-retours quotidiens.

Pour rendre ce projet possible, l’État a transféré la propriété du tronçon fermé à la Région, ce qui fait de cette ligne la première à sortir du réseau ferré national. En mai 2024, le Conseil régional a ensuite concédé l’exploitation de la ligne, pour 22 ans, à un groupement mené par Transdev (avec NGE Concessions et la Caisse des dépôts et consignations).

Il s’agit d’un « vrai pari politique », a observé M. Valence lors d’une réunion publique organisée début avril à Vézelise (Meurthe-et-Moselle), commune d’un millier d’habitants située sur le tracé, mais où aucun train ne circule pour l’heure. Lors de la fermeture de la ligne il y a neuf ans, a expliqué l’élu, « la loi ne nous permettait pas » d’effectuer ce transfert de propriété, rendu possible par la loi d’orientation des mobilités (LOM) de 2019.

« Désenclaver »

Un quart du réseau ferré de France, soit 7 600 km, est constitué de ces « lignes de desserte fine du territoire », comme les désigne la SNCF. Sur ce total, 7 100 km sont exploités.

Faire renaître la liaison Nancy-Contrexéville, c’est « extraordinaire », salue Gérard, un habitant de Vézelise, qui se souvient de « la tristesse » ambiante lors de la fermeture en 2016. Lui-même confie ne pas l’avoir utilisée à l’époque, mais pense qu’il la prendra à l’avenir, notamment pour aller à Nancy. Mais « il faut que les horaires soient parfaitement calibrés », notamment pour les collégiens, lycéens et étudiants, met en garde le retraité, sans quoi le risque de voir « passer des wagons vides » comme c’était le cas en 2015 reste grand.

Pour « désenclaver » ces territoires ruraux, l’Association de développement de la ligne ferroviaire (ADLF) Nancy-Merrey plaide également pour un service « de qualité », avec des « trains directs, semi-directs et omnibus en suffisance, modernes et confortables » ainsi qu’une « tarification attractive voire la gratuité du transport ». Son président, Pascal Lopez, ancien cheminot, a d’ailleurs appelé les élus, lors de la réunion publique, à faire de cette ligne un « service public qui soit de notre temps ».

À la réouverture de la gare de Vézelise, y aura-t-il « un guichet pour acheter les billets ? » se demande une autre habitante.

La Région devient non seulement propriétaire des lignes, mais aussi du bâti et notamment des gares, dont certaines sont à l’abandon depuis plusieurs années et très délabrées. Sur ces petites lignes, « SNCF Réseau ne met que des rustines depuis des dizaines d’années », regrette André Lotte, président de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) Grand Est. Il espère que la Région arrivera « à mettre en évidence qu’on peut faire, dans des conditions économiques beaucoup plus efficaces, un niveau de service excellent » pour « mettre un petit peu la pression à SNCF Réseau ».

Au total, la Région Grand Est a demandé le transfert de propriété d’une quinzaine de lignes ferroviaires.

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