Les villes sont aujourd’hui confrontées à une demande croissante de la population (eau, énergie, mobilité, gestion des déchets…) alors que les ressources publiques sont de plus en plus rares. Elles devraient pouvoir malgré tout financer des infrastructures et reconstruire « la ville sur la ville ». Et, comme Copenhague (Danemark), Hambourg (Allemagne), Helsinki (Finlande) et Lyon, transformer des zones sous-exploitées ou délaissées en les adaptant à l’évolution urbaine : anciens quartiers industriels, zones portuaires… Ces quatre villes peuvent inspirer de nouveaux modèles de développement, selon la Fabrique de la cité. Dans une étude, le think tank explique ainsi que la ville intelligente n’est pas seulement technologique ; elle est également liée à de nouveaux modes de financement et de gouvernance.
L’étude explore un modèle de développement urbain qui conduit à revitaliser les villes et à financer les grands projets d’infrastructures par l’accroissement du rendement commercial de terrains et édifices publics en friches, parfois sans lever de nouveaux impôts. Elle compare la façon dont ces villes ont développé des quartiers et construit de nouvelles infrastructures, à l’aide de modèles innovants.
Quatre projets qui, malgré des contextes différents, présentent des facteurs de succès semblables. Tout d’abord, une innovation institutionnelle : créer une structure dédiée, appartenant à la collectivité et gérée par le privé – une société d’actifs publics regroupant les actifs à valoriser (cf. encadré), qui auront été identifiés au préalable. Ensuite, la définition de mécanismes pour garantir que le projet de long terme primera sur les préoccupations de court terme, au-delà des mandats électoraux. Enfin, ces projets ont souvent un objectif connexe plus large : financement du métro sans augmentation d’impôts (Copenhague), association des citoyens au projet (Helsinki), innovation partenariale (Lyon).
Lorsque la ville ne possède plus de territoire délaissé sur lequel se développer, elle doit adapter son fonctionnement à la nouvelle économie, grâce à la révolution numérique : émergence de la multitude (capacité de chacun à devenir producteur de données, d’énergie, de financement…), individualisation des citoyens et « industrialisation du sur-mesure », et basculement de la propriété à l’usage.
Martine Courgnaud – Del Ry
Source : L’innovation au service du financement de la régénération et des infrastructures urbaines, La Fabrique de la Cité, janvier 2018
Lyon Confluence : propriété publique, gestion privée La société publique locale (SPL) Lyon Confluence est une société de propriété publique et de gestion privée. Elle gère l’ensemble du réaménagement de Lyon Confluence : études d’aménagement urbain, regroupement et vente de terrains, organisation de travaux et de consultations, marketing et communication… La SPL est aujourd’hui entièrement détenue et financée par le secteur public. Sa source de financement principale provient du regroupement et de la vente de terrains, qu’elle achète à des propriétaires industriels qui cessent leur exploitation ou déménagent hors de la ville. Elle les développe en y ajoutant des infrastructures publiques et des commodités de base, avant de lancer des appels d’offres sur des terrains de propriété publique qui serviront à d’autres fins dans le cadre du réaménagement urbain. Pour 2015–2020, le programme pluriannuel d’investissement englobe environ 1 175 projets d’investissement pour un budget total d’environ 3,6 milliards d’euros. |