Quelles sont les tendances et priorités des départements Achats en 2025 ?

Publié le 13 février 2025 à 14h00 - par

Le cabinet AgileBuyer et le Conseil national des achats (CNA) ont publié les résultats de leur seizième étude tendance achats. L’étude a été réalisée via un questionnaire en ligne adressé à un panel ciblé de personnes exerçant dans les achats, tous secteurs confondus. L’étude met en avant les risques de défaillances des fournisseurs et de cyberattaques, une tendance à une baisse des prix malgré des surcoûts liés aux politiques d’achats durables, et une montée en force du recours à l’Intelligence artificielle dans les directions achats.

Quelles sont les tendances et priorités des départements Achats en 2025 ?
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Le risque de défaillances fournisseurs et la cybersécurité : deux enjeux cruciaux en 2025

Chiffre clé de l’étude, 65 % des directions achats considèrent que le risque de défaillances fournisseurs sera majeur en 2025. Le risque d’effet domino est fort. La chute de fournisseurs clés pourraient entrainer celles de leurs clients. Début 2024, la Banque de France dévoilait que près de 55 500 entreprises avaient fait défaut en 2023. En novembre de la même année, le nombre avait déjà frôlé les 65 000 entreprises françaises en défaillance sur les 12 derniers mois, soit le niveau le plus élevé depuis 15 ans. Les secteurs anticipant en priorité le risque de défaillance fournisseurs sont ceux de l’industrie lourde (à 88 %), de l’automobile (à 84 %) et de l’immobilier/BTP (à 78 %). Ce dernier secteur est particulièrement vulnérable : au 3e trimestre 2024, le BTP et l’immobilier cumulaient à eux deux plus de 16 800 défaillances d’entreprises sur les 12 derniers mois. Le risque de cyberattaques pour 42 % des répondants devient également un enjeu majeur. Les cyberattaques connaissent une recrudescence phénoménale et sont désormais une réalité. Rien qu’en France, 86 % des entreprises sondées ont avoué avoir été victime d’une cyberattaque de type rançongiciel en 2024, contre 53 % l’année précédente. Le coût lié aux cyberattaques aurait atteint les 122 milliards d’euros en 2024. Les ententes illicites et situations de monopoles chez les fournisseurs sont également une préoccupation importante des directions achats. En 2024, 60 % (56 % en 2023) des directions achats pensent faire face à des situations d’ententes illicites (ou cartels) entre leurs fournisseurs d’une même famille d’achats. Ce type de pratique engendre une forte augmentation des prix pour les directions achats ainsi qu’une concurrence déloyale dans la gestion de leur panel fournisseurs.

En outre, 67 % des directions achats ont fait face à des situations de monopole en 2024. Les secteurs les plus marqués par les situations de monopole sont la pharmacie/santé/cosmétique (78 %), suivi par le secteur de l’immobilier/BTP (76 %), la consommation/distribution (74 %) et l’informatique/télécoms (73 %).

Un début de déflation mais une politique d’achat durable qui a une incidence sur les prix

67 % des directions achats renégocient certains contrats avec leurs fournisseurs, dans un contexte de début de déflation. Le rapport de force semble donc se rééquilibrer légèrement en faveur des achats, du moins pour les renégociations de contrats, là où les années précédentes étaient marquées par des conditions contractuelles synonymes de hausses de prix fortes, inattendues, et parfois non justifiées. La RSE et achats responsables sont un enjeu toujours stratégique, mais coûteux. Ils sont une cause de demande de hausses de prix par les fournisseurs. En 2025, 78 % des directions achats auront des objectifs achats liés au développement durable ou à la RSE. Ceci s’explique en grande partie par le renforcement des réglementations sur le sujet de la durabilité. Les directions achats du secteur public seront celles qui auront le plus d’objectifs achats liés à la RSE en 2025 (cité à 86 %), contre 82 % pour le secteur privé. Cela peut s’expliquer par le fait que le secteur public est bien renseigné sur les dernières réglementations et bonnes pratiques en matière d’achats durables. Le coût du Made In France est jugé trop important pour 19 % des répondants, soit 3 points de moins qu’en 2024. Malgré tout, la réduction des coûts restera une priorité en 2025 pour 77 % des directions achats interrogées. Pour le secteur public, seules 52 % des directions achats sondées le mettent en tête de liste de leurs objectifs en 2025, malgré les mesures fortes attendues pour réduire substantiellement les dépenses publiques à l’échelle nationale.

Les acteurs de la commande publique ont bien évolué ces dernières années, mais il reste un fossé avec le secteur privé. Enfin, la tendance montre une utilisation de plus en plus importante de l’IA dans les achats : 40 % en 2025, soit 15 points de plus qu’en 2024. La digitalisation est plus que jamais un sujet au sein des achats, et le potentiel grandissant de ce type d’outils dans le quotidien des directions achats n’est pas pris à la légère.

Dominique Niay

Source : Tendances et priorités des Départements Achats en 2025, AgileBuyer, CNA, février 2025


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