Vers une généralisation de la vidéosurveillance algorithmique ?

Publié le 7 février 2025 à 16h00 - par

Malgré des résultats peu convaincants durant les Jeux olympiques de Paris 2024, la vidéosurveillance algorithmique, dont l’expérimentation s’achèvera le 31 mars 2025, pourrait être généralisée.

Vers une généralisation de la vidéosurveillance algorithmique ?
© Par GoodPics - stock.adobe.com

Autorisée jusqu’au 31 mars 2025 par la loi du 19 mai 2023 relative aux Jeux olympiques et paralympiques 2024, l’expérimentation « caméras augmentées » permet de tester, pour la première fois, des solutions algorithmiques couplées, en temps réel, à des caméras de vidéoprotection, pour renforcer la sécurité de manifestations récréatives, sportives et culturelles présentant des risques de sécurité particulièrement élevés (atteinte grave à la sécurité des personnes ou risque terroriste).

L’expérimentation permet de détecter huit types de situation inhabituelle, définis par décret, à savoir :

  • non-respect du sens de circulation ;
  • franchissement ou présence dans une zone sensible ou interdite ;
  • mouvement de foule ;
  • densité trop importante de personnes ;
  • colis abandonnés ;
  • présence ou utilisation d’armes ;
  • personne au sol ;
  • départs de feux.

Aucune autre situation ne peut être détectée dans le cadre de l’expérimentation. Très concrètement, s’affiche, en haut de l’écran de l’opérateur vidéo, un signal l’informant qu’une alerte de nature à révéler un des huit cas d’usage prédéterminés s’est déclenchée. Charge pour l’opérateur de vérifier la situation en consultant les images en lien avec ce déclenchement et de prendre, si nécessaire, les mesures adaptées.

Durant la période des Jeux olympiques de Paris 2024, l’expérimentation a été mise en œuvre par la préfecture de police, la RATP et la SNCF, en appui de l’ensemble du dispositif de sécurité. Une expérimentation est également conduite par la mairie de Cannes.

Lors de sa déclaration de politique générale, prononcée le 1er octobre 2024 devant les députés, le précédent Premier ministre, Michel Barnier, a indiqué vouloir la « généralisation de la méthode expérimentée pendant les Jeux olympiques. » Une annonce faite avant même la fin de l’expérimentation, programmée pour le 31 mars 2025, et, surtout, la remise du rapport d’un comité d’évaluation au ministre de l’Intérieur, inscrit dans la loi. Or si l’engouement pour la vidéosurveillance algorithmique ne se dément pas, ses performances ne sont pas avérées. C’est, du moins, ce que révèle le rapport du comité d’évaluation, que Le Monde a pu consulter juste après sa remise au ministère de l’Intérieur, le 14 janvier. Selon le quotidien, le rapport dresse un bilan mitigé de l’expérimentation, en décalage avec la volonté affirmée par les autorités d’étendre l’utilisation de la vidéosurveillance algorithmique.

Si certains usages sont jugés satisfaisants, comme la détection d’intrusions en zone interdite ou la circulation de véhicules à contresens, d’autres ont montré de réelles limites. Dans les faits, plusieurs possibilités prévues par la loi ont été mal ou n’ont pas pu être testées. Par ailleurs, les algorithmes ont eu du mal à traiter certaines situations complexes, comme l’identification d’individus dans des foules denses. Enfin, des erreurs ont été constatées dans la reconnaissance des objets, avec des faux positifs fréquents. Exemples : des bancs, des panneaux ou même des sans-abri ont été identifiés à tort comme des objets abandonnés ou des colis suspects.


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