« Longtemps qualifiés d’invisibles, moins nombreux que les jeunes urbains, les jeunes ruraux focalisent moins l’attention alors que leur place et les choix qu’ils réalisent (partir ou rester) sont cruciaux pour l’avenir des territoires ruraux », souligne l’Igas, qui a lancé cette mission « post-Mouvement des Gilets jaunes ».
Les jeunes ruraux de 15-29 ans sont près de trois millions (pour 9,6 millions de jeunes urbains). Ils ne représentent que 14 % des résidents de leurs territoires, selon l’organisme. La mission « n’a pas trouvé de travaux » récents, pour cette tranche d’âge, « permettant d’établir le nombre de jeunes sous le seuil de pauvreté selon le lieu de résidence ». À partir d’une enquête Insee-Drees remontant à 2014, elle estime que 338 000 jeunes ruraux de 18 à 24 ans vivraient sous le seuil de pauvreté.
Les jeunes ruraux ont des difficultés d’accès à l’emploi, avec un taux de chômage de 22,4 %, et 38 % d’entre eux sont en CDD ou intérim. Mais leur situation diffère des urbains avec une « moindre présence de services publics et d’équipements » et des freins spécifiques : éloignement, temps de déplacement, « mobilité empêchée ». De ce fait, « leurs opportunités d’insertion et de formation sont moins nombreuses, et leurs choix plus contraints » : 28 % d’entre eux accèdent à l’enseignement supérieur, contre 37 % des jeunes urbains.
L’isolement et la moindre sociabilité contribuent à dégrader leur santé mentale et les besoins des jeunes femmes sur le plan gynécologique « y trouvent plus difficilement une réponse ».
« L’action publique peine à répondre à ces vulnérabilités multiples » et à « agir en grande proximité dans des territoires très dispersés », relève l’Igas. Les dispositifs à destination des jeunes, plutôt calqués sur le modèle urbain, « prennent mal en compte les contraintes inhérentes à la ruralité ».
En raison de la moindre densité de population, les acteurs ont du mal à « atteindre la taille critique » et font face à des « surcoûts » (déplacements, hébergement…) « rarement intégrés dans les budgets alloués » qui varient souvent en fonction de la fréquentation, moindre en ruralité.
L’Igas souligne qu’il n’est « pas atteignable, et sans doute pas souhaitable de tout implanter en proximité ».
Elle fait 26 recommandations, dont l’accompagnement à la mobilité ou le renforcement de « solutions hybrides de formation » (tiers lieux, « campus connectés »).
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