Une modernisation des conditions de travail et des droits des agents
La priorité donnée à la qualité de vie au travail (QVT), qui découle de la volonté des employeurs publics, se traduit par des initiatives telles que l’aménagement d’espaces de coworking, des formations ciblées sur la gestion du stress et des outils numériques permettant une concertation accrue entre agents et encadrants. Ces dispositifs répondent à une demande croissante de flexibilité, illustrée par l’essor du télétravail, et la prévention des risques psychosociaux (RPS). Les comités sociaux territoriaux (CST) occupent une place essentielle dans la coordination et le suivi de ces efforts.
Le décret n° 2024-1263 du 30 décembre 2024 marque une étape importante en abolissant les conditions d’ancienneté pour l’accès au temps partiel. Cette mesure, alignée sur la directive européenne 2019/1158, simplifie l’accès à des aménagements favorables à l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle. Toutefois, son application pourrait entraîner une augmentation des demandes de temps partiel, nécessitant une gestion fine des effectifs afin de préserver la continuité des services.
La mise en œuvre de la prévoyance obligatoire prévue par le décret du 20 avril 2022 constitue un autre défi. Les employeurs publics locaux doivent faire face à des incertitudes réglementaires, notamment, en raison de l’absence de transcription de l’accord du 11 juillet 2023 dans la loi. Cette lacune complique les négociations locales et retarde la mise en place effective de garanties sociales renforcées pour les agents. Pour une collectivité moyenne, cette contribution minimale de 7 euros par agent et par mois représente un coût annuel d’environ 84 000 euros pour 1 000 agents.
Anticipation budgétaire et stratégique : une nécessité
Les incertitudes budgétaires, telles que la possible augmentation du taux de cotisation à la CNRACL, exigent une anticipation rigoureuse. En l’absence de décret officiel concernant les modalités de montée en charge du financement de la CNRACL par les collectivités, les responsables RH doivent préparer des scénarios permettant d’éviter les tensions financières et d’assurer une communication claire envers les élus.
Dans le domaine de l’apprentissage, la réduction des aides à l’embauche à 5 000 € pour les PME et à 2 000 € pour les grandes entreprises incite les collectivités à optimiser leurs stratégies. La ville de Bordeaux, par exemple, a mis en place un programme de tutorat renforcé pour ses apprentis, associant mentors internes et partenariats avec des centres de formation locaux. Ce modèle a permis une intégration rapide des jeunes talents et amélioré leur rétention.
Par ailleurs, la réforme des retraites de 2023, relancée par François Bayrou, pourrait redéfinir les modalités de calcul des pensions et l’âge de départ dans un délai restreint. Cette situation impose une veille attentive et une réflexion approfondie sur les conséquences potentielles pour la gestion des carrières.
Enfin, l’année 2025 célèbre le 20e anniversaire de la loi pour l’égalité des droits et des chances, dite « Loi handicap ». Elle renforce les obligations en matière d’accessibilité et d’inclusion, exigeant des employeurs publics qu’ils intensifient leurs actions pour adapter les postes de travail et promouvoir une culture inclusive.
Relever les défis pour transformer la fonction publique
L’année 2025 impose aux responsables RH de conjuguer adaptabilité et pragmatisme face à des défis complexes. Entre les réformes réglementaires, les exigences sociales et les incertitudes budgétaires, ces transformations nécessitent une planification stratégique et une mobilisation collective.
Cependant, elles représentent aussi des opportunités uniques de modernisation et de renforcement de l’attractivité des collectivités. Une approche proactive, fondée sur le dialogue et l’innovation, permettra de transformer ces contraintes en leviers pour construire une fonction publique territoriale plus efficace et inclusive. De plus, la nomination du nouveau ministre de l’Action publique, de la Fonction publique et de la simplification, Laurent Marcangeli, qui a succédé à Guillaume Kasbarian, le 26 décembre 2024, permettra-t-elle d’apaiser les tensions entre les pouvoirs publics et les syndicats de la Fonction publique dans un souci de dialogue social renforcé, un élément crucial pour la gestion des transformations à venir ?