En Corse, la gestion des déchets coûte « 2 à 3 fois » plus que la moyenne nationale

Publié le 12 juillet 2024 à 8h50 - par

Le coût du service public de gestion des déchets en Corse représente « deux à trois fois celui de la moyenne nationale », regrette jeudi 11 juillet 2024 la chambre régionale des comptes, pointant « la planification défaillante » de la Collectivité de Corse.

En Corse, la gestion des déchets coûte « 2 à 3 fois » plus que la moyenne nationale
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Ce coût, qui s’élevait à « 104 millions d’euros en 2022 », « pèse fortement sur le budget des intercommunalités, atteignant 80 % des dépenses de fonctionnement pour certaines, ce qui les contraint fortement pour l’exercice d’autres compétences », juge la chambre régionale des comptes de Corse (CRC) dans son premier rapport thématique régional fondé sur le contrôle de onze entités en charge de la prévention et de la gestion des déchets dans l’île méditerranéenne entre 2020 et 2024.

Pointant la « planification défaillante » de la Collectivité de Corse, compétente en matière de déchets, la chambre précise que la Corse est « le seul territoire n’ayant pas de plan régional approuvé pour la prévention et la gestion de ses déchets, alors que l’ensemble des autres régions continentales a adopté ce document entre octobre 2018 et mars 2020 ».

« En 2021, la Corse était la première région métropolitaine en termes de production de déchets ménagers et assimilés (DMA) par habitant », précise également la chambre.

L’île de 350 000 habitants, qui peine depuis une vingtaine d’années à gérer ses déchets, en l’absence d’incinérateur et avec seulement deux centres d’enfouissement, a produit en 2023 plus de 216 000 tonnes de déchets, soit 629 kg par habitant, avec un taux de tri qui « stagne à 38 % », selon le rapport 2024 du Syvadec, l’organisme public chargé du traitement des déchets dans l’île.

« Outre l’impact de la fréquentation touristique, la forte production de déchets est liée à l’insularité et au recours à des transports requérant un conditionnement adapté », précise la CRC.

« Si l’objectif national de réduction des DMA de 15 % d’ici 2030 par rapport à 2010 paraît atteignable, le respect des autres objectifs réglementaires semble peu probable » en Corse, prévoit-elle.

L’objectif de valorisation énergétique est en effet d’atteindre 70 % en 2025 alors qu’elle ne représentait que 6 % en 2022 en Corse. De même, le stockage des déchets, qui ne devra plus représenter que 10 % en 2035, était de 63 % en 2022.

Un centre de surtri doit voir le jour à Monte (Haute-Corse) en 2026 et suscite les inquiétudes des collectifs antimafia et d’associations de défense de l’environnement, craignant l’influence de « groupes mafieux » sur sa construction et sa gestion.

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