Dans le cadre du « choc des savoirs » voulu par le gouvernement, une nouvelle organisation du temps scolaire sera mise en place pour les classes de 6e et de 5e à compter de la rentrée 2024 (et à compter de la rentrée 2025 pour les classes de 4e et de 3e). « Afin de permettre aux équipes éducatives de faire davantage progresser tous les élèves », les enseignements de mathématiques et de français seront ainsi organisés en groupes sur la totalité de l’horaire hebdomadaire. Une mesure très critiquée par les enseignants et leurs syndicats. Si le niveau des élèves entrant en 6e a régulièrement progressé depuis 2017, affirme le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, près d’un élève sur trois entre en 6e sans une maîtrise satisfaisante en français et près d’un sur quatre en mathématiques. Et les mêmes tendances se retrouvent à l’issue du collège, avance le ministère pour justifier l’instauration des groupes de besoins.
L’organisation des enseignements de français et de mathématiques en groupes de besoins poursuivra un triple objectif, explique le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse :
- Porter au plus haut les aptitudes des élèves, selon leur niveau, des plus fragiles aux plus avancés, en déployant une action pédagogique ciblée grâce à des approches personnalisées, à partir des besoins effectivement constatés des élèves et de leur degré de maîtrise des connaissances et des compétences requises ;
- Garantir à tous les élèves l’acquisition progressive et la maîtrise des connaissances et des compétences ;
- Renforcer la confiance des élèves en leur capacité d’apprendre et de réussir au collège.
« La même ambition est visée pour l’ensemble des élèves. Les programmes de français et de mathématiques sont identiques pour tous les élèves, avec les mêmes attendus, quels que soient leurs groupes. Les modalités et les démarches d’apprentissage s’adaptent aux besoins des élèves », insiste le ministère. Les groupes seront constitués par l’équipe pédagogique et leur composition sera flexible et réexaminée régulièrement au cours de l’année scolaire, afin de tenir compte de la progression et de la diversité des besoins des élèves, selon les disciplines.
Pour accompagner les équipes éducatives, le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a publié, mi-mai, un vademecum intitulé « Mettre en place les groupes de besoins. Faire réussir tous les élèves au collège ». Réalisé par la direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO), ce guide explicite les enjeux et les objectifs des groupes en français et en mathématiques. Par des exemples concrets, le document propose des pistes pour constituer les groupes et les organiser. Il aborde également les questions de l’enseignement au sein des groupes, des contenus pédagogiques et du travail collectif nécessaire.
Le vademecum est ainsi organisé en deux parties :
Organiser les enseignements de français et de mathématiques en groupes en fonction des besoins des élèves
Au sommaire : l’organisation des groupes durant la semaine, durant l’année, la constitution des groupes… Les programmes de français et de mathématiques seront les mêmes pour tous les élèves, réaffirme le ministère, « seules les modalités et les démarches d’apprentissage diffèrent et s’adaptent aux besoins des élèves. Il s’agit ainsi de profiter d’une plus grande homogénéité des groupes pour amener chacun au maximum de ses potentialités et de son excellence. »
Enseigner au sein des groupes
Au menu : le travail en équipe disciplinaire, l’adaptation des démarches aux besoins de chaque groupe, l’articulation des temps d’apprentissage, l’évaluation. « La différenciation pédagogique ne signifie en aucune manière la différenciation des objectifs pédagogiques qui signifierait un creusement des inégalités scolaires. S’il est indispensable de consacrer du temps à l’automatisation des tâches pour les élèves les plus fragiles, il est tout aussi important de ne pas renoncer à enseigner les compétences de plus haut niveau. Une baisse du niveau d’exigence, quel que soit le groupe, serait contre-productive pour les élèves », ajoute le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse.
Des outils pratiques sont proposés en annexes du vademecum. Parmi ceux-là :
- Une « fiche type » décrivant l’organisation des enseignements en groupes de l’établissement ;
- Les questions à se poser par l’équipe de français ou de mathématiques pour mettre en place les groupes ;
- Les questions essentielles à se poser pour mettre en place les groupes…
Le vademecum gouvernemental ne convainc pas du tout le Snes-FSU. Ce document « est un condensé de mauvaise foi qui démontre à quel point le ministère est hors sol », a vivement critiqué le syndicat, le 19 mai 2024. Le vademecum « s’avance très loin dans le dirigisme pédagogique, multipliant, à destination des professeur·es de lettres et de mathématiques, des modèles de séquences clés en main déroulant des séances déjà toutes prêtes », dénonce également le SNES-FSU.
Enseignants, parents et élèves manifestaient samedi 25 mai à Paris et dans plusieurs villes en France pour demander l’abandon de l’instauration de groupes de niveau au collège.
Le ministère de l’Intérieur a compté 11 500 manifestants en France dont 2 000 à Paris. Le Snes-FSU qui appelait à la mobilisation avec Sud Éducation, la CGT éduc’action et la FNEC-FP FO, le Sgen-CFDT, Unsa-éducation, la FCPE, et des syndicats lycéens, a comptabilisé 15 000 manifestants, 1 000 à Rennes, 1 200 à Toulouse, 500 à Marseille ou encore 2 000 à Lyon.