Sept ans après « Xynthia », beaucoup reste à faire pour protéger la Charente-Maritime

Publié le 28 février 2017 à 14h18 - par

Sept après la tempête « Xynthia » qui avait dévasté tout l’ouest de la France, d’importants travaux ont été engagés pour protéger les 470 km de côtes en Charente-Maritime mais de nombreuses zones restent malgré tout vulnérables, soulignent des élus du département.

Les inondations provoquées par « Xynthia » dans la nuit du 27 au 28 février 2010 avaient tué 47 personnes en France, dont douze en Charente-Maritime. Sept ans plus tard, le département représente « le plus grand chantier de France » dans le domaine de la défense du littoral, avec « 126 projets lancés ou achevés » sur 137, souligne Lionel Quillet, vice-président du Conseil départemental et président de la Commission littorale départementale qui en assure la maîtrise d’ouvrage.

« On a un niveau de protection supérieur à avant Xynthia », se félicite le maire de Loix, petite commune de l’île de Ré.

Dans la partie nord du département, entre Rochefort et La Rochelle ainsi que sur les îles de Ré, Aix et Oléron, de nombreux chantiers sont effectivement en cours. Mais beaucoup de points de faiblesse demeurent : six opérations sur dix sont ainsi à l’arrêt dans différentes communes de l’île de Ré en raison de problèmes environnementaux, administratifs ou techniques. Et sur le continent, le chantier de Fouras se heurte à l’opposition de riverains jugeant qu’il va boucher la vue. « Par endroits, il faudrait des digues transparentes », se désole Lionel Quillet.

C’est pire à Charron, limitrophe de la Vendée, où aucun accord n’a pu être trouvé. « Le projet de renforcement de la levée de terre, qui longe la Sèvre niortaise sur six kilomètres, est bloqué par l’État, alors qu’en face la Vendée a érigé de hautes défenses à l’embouchure de la baie de l’Aiguillon », explique Lionel Quillet. « Si une tempête frappait comme en 2010, la ville pourrait être impactée plus violemment encore. Tant que cette question ne sera pas réglée, la Charente-Maritime servira de champ d’expansion », met-il en garde, déplorant que « l’arbitrage de l’État n’ait pas été fait ».

Au sud, rien de nouveau

Jérémy Boisseau, maire de Charron, où les inondations avaient fait trois morts en 2010, n’en veut pas pour autant à ses voisins : « Les Vendéens ont fait ce qu’il fallait. Ils n’ont pas attendu de savoir s’ils pouvaient ou pas, si les services de l’État étaient prêts. Ils ont pris leurs responsabilités d’élus et ont renforcé leurs digues », estime-t-il.

Et, pour lui, il faudrait faire de même en Charente-Maritime au lieu d’accentuer sa « vulnérabilité. »

L’inquiétude est de mise également à La Rochelle, la préfecture, où personne n’a encore réussi à concilier la défense du littoral avec la protection des monument historiques. Aucune solution n’a en particulier été trouvée pour fermer le Vieux Port, qui a débordé en 2010.

Plus au sud, entre Rochefort et l’estuaire de la Gironde, une zone moins durement frappée par « Xynthia », pratiquement aucun système de défense n’est apparu « à part quelques petites choses ça et là », résume Lionel Quillet. « Je n’ai aucune commune ou communauté de communes porteuse de Programme d’action et de prévention des inondations (PAPI). Je ne peux rien faire », constate-t-il.

La faute de l’État, qui a tardé à accepter que ce PAPI soit porté par un syndicat mixte regroupant trois communautés de communes et la Communauté d’agglomération de Royan, se défend son président, Pascal Ferchaud.

À Talmont-sur-Gironde, village classé monument historique, le maire, Stéphane Loth, voudrait bien agir : « Mais, ma commune est située sur une falaise qui  subit l’érosion. Or, ni les falaises, ni le phénomène d’érosion ne sont éligibles au Fonds Barnier, qui indemnise les collectivités… ».

Au 1er janvier 2018, la compétence Gémapi (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations) entrera en vigueur pour rendre désormais les maires et présidents de communautés urbaines responsables de la sécurité de leurs administrés. La loi obligera alors les élus à trouver des solutions.

 

par Olivier GUERIN

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