Les objets connectés au service de la prévention de la santé

Publié le 23 décembre 2014 à 0h00 - par

Selon un rapport de l’IDATE intitulé « The Internet of Things Market », il y aura 80 milliards d’objets connectés en 2020, la plupart étant liés à la santé. L’estimation est de 10 millions de Français utilisateurs d’objets connectés en 2017 !

Qu’est-ce qu’un objet connecté ?

Les objets connectés sont des capteurs posés sur un lieu précis du corps (poignet, doigt, bras, torse, cuisse, cheville…). Ils effectuent des mesures en temps réel et permettent de renseigner de nombreux paramètres influant sur la santé : poids, température corporelle, pouls, tension, rythme respiratoire, rythme cardiaque, taux de glycémie, qualité de sommeil…

Ces capteurs entrent dans ce qu’on appelle le « quantified-self », c’est-à-dire la surveillance volontaire par la personne elle-même de certaines constantes. Les données recueillies sont transmises à une application dédiée, située dans une unité de stockage qui peut être un ordinateur ou un smartphone. L’objet ainsi connecté participe de la m-santé (santé mobile). L’objet connecté est lié directement à l’e-santé qui désigne tous les aspects numériques touchant de près ou de loin la santé. Cela correspond à du contenu numérique lié à la santé, appelé également la santé électronique ou télésanté (télémédecine, prévention, maintien à domicile, suivi d’une maladie chronique à distance comme le diabète, l’hypertension, l’insuffisance cardiaque…), dossiers médicaux électroniques…

Au bout de la connexion de l’objet se trouve un ordinateur ou un smartphone, un médecin ou un centre d’appel, un centre de coaching… La première utilité est l’alerte : tout changement d’un des paramètres transmis de manière brutale ou atteignant une valeur critique préalablement fixée incite à une intervention, une surveillance particulière, à des conseils ou à des recommandations.

Parmi les objets connectés figurent des :

  • bracelets connectés ou colliers connectés mesurant le niveau d’activité physique grâce au podomètre, au cardio-fréquencemètre (pouls, rythme cardiaque, qualité du sommeil),
  • balances connectées permettant de suivre son poids en relation avec un centre de coaching,
  • oreillettes connectées prévenant des signes de fatigue et aidant à lutter contre la somnolence, et cela avant même de s’en apercevoir,
  • oreillettes connectées capables d’écouter avec précision ce qui est mangé et donnant des conseils pour améliorer son alimentation à partir des paramètres comme le nom de l’aliment prononcé, la vitesse à laquelle on mange, l’allure de la mastication des aliments, l’horaire de prise des repas, le fait de s’hydrater ou pas,
  • brosses à dents connectées mesurant le temps de brossage et le degré de chaque zone brossée,
  • textiles intelligents permettant de mesurer le rythme cardiaque en permanence,
  • piluliers intelligents alertant toute personne qui aurait omis de prendre ses médicaments,
  • lentilles de contact lectrices de glycémiegéolocalisations de patients atteints d’Alzheimer,
  • nano-médicaments…

Les limites actuelles de ces objets

Les objets connectés sont limités actuellement par la fiabilité et le type des capteurs. Seuls quelques dizaines de paramètres sont pris en compte actuellement et sont corrélés. Le développement de la technologie permettra demain de prendre en charge des miliers de paramètres et surtout à l’objet de se connecter à des méga bases de données permettant de rechercher dans ces bases gigantesques des cas similaires ou des correspondances aux paramètres détectés chez le patient.

Des systèmes experts sont en cours de développement sur des recherches sur des méga données de santé. Le big data en santé est une nécessité affirmée par les médecins, les organismes sociaux, les compagnies d’assurances, les entreprises de m-santé, les décideurs en santé public… D’autres systèmes experts de balisage des données enregistrées par les objets connectés et de questionnaire en retour sur le patient sont à l’étude. Des dossiers médicaux intelligents seront nécessaires prenant en compte les antécédents du patient, une contextualisation des données grâce aux systèmes experts.

Les risques liés à ces objets

Ils sont de plusieurs ordres :

  • l’obsession de la santé parfaite ou de l’attente d’une alarme de son smartphone,
  • le risque de dysfonctionnements des capteurs, des serveurs amenant à de faux résultats et à de fausses certitudes de santé chez le patient,
  • le risque d’un « Big Brother » permanent sur la santé.

Les réticences du corps médical

Les professionnels de santé demandent une évaluation et une labellisation des applications et objets de m-santé ainsi qu’un agrément des plates-formes hébergeant les données de santé ainsi récoltées. Le vice-président du Conseil national de l’ordre des médecins, Jacques Lucas, indique que « la santé n’est pas un bien marchand » et que « la technologie ne pourra remplacer la relation entre un docteur et son patient, car contact et confiance ont aussi des vertus thérapeutiques ».

Une application (GPM e-Santé) à usage des professionnels de santé vient d’être mise sur le marché recensant et permettant d’accéder à plus de 800 applications de santé en France. Cette application, gratuite, peut être utilisée par le grand public. Les applications e-santé y sont classées par spécialités, professions et pathologies. Toutes ces applications recensées ont été testées et évaluées de façon collaborative par un collège médical. Une évolution est prévue concernant une sélection des objets connectés du marché.

Une récente étude de PriceWaterhouseCoopers 1) affirme que l’utilisation des smartphones pour suivre sa santé pourrait permettre d’économiser 11,5 milliards d’euros de dépense de santé en France d’ici 2017. Au-delà des considérations économiques, il n’en demeure pas moins que la m-santé, au travers des objets connectés et les applications mobiles dédiées, démontre pourtant une réelle valeur ajoutée pour la qualité du suivi des patients et facilite donc la relation avec les professionnels de santé, permettant de fait, une médecine personnalisée donc plus efficace.

DT.

1) Réseau d’entreprises américain spécialisé dans des missions d’audit, d’expertise comptable et de conseil à destination des entreprises.

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