Faire réussir les enfants à l’ère du numérique (volet 1)

Publié le 24 décembre 2014 à 0h00 - par

Le numérique a pris une place non négligeable dans la loi de refondation de l’école. Il intervient dans toutes les disciplines sur le temps scolaire mais est aussi un outil à la disposition des intervenants des autres temps éducatifs, notamment sur les temps périscolaires pris en charge par les collectivités. L’ANDEV porte ici un regard sur le champ du numérique.

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État des lieux national

Les collectivités territoriales ont un rôle majeur à jouer dans le cadre de la politique éducative. Elles sont au carrefour d’enjeux divers tels que, bien entendu, le numérique, l’attrait des territoires, l’égalité, et peuvent fédérer un ensemble d’acteurs éducatifs qui n’ont pas toujours les mêmes intérêts et pas nécessairement la visibilité des problématiques de chacun.

Or, une politique numérique se construit à plusieurs ; plus qu’un partenariat, il s’agit d’actions combinées sur des choses communes au bénéfice des enfants et des familles. Le vœu est formé que nous soyons loin de la maxime de 1833 : « À l’État le spirituel, à la commune le matériel ». Mais aujourd’hui, quelles sont les réalités ? Quels sont les engagements des communes ? Quelles sont les priorités des communes ? Pour répondre à ces questions, l’ANDEV s’attache à recenser ces éléments et à réaliser des enquêtes. Nous en avons réalisé une en 2011, dont les éléments ont certainement un peu évolué mais ils permettent de fixer le contexte.

Voici, extraits en six points, quelques éléments principaux :

  • Le taux d’équipement est de 1 ordinateur pour 8 élèves, toutes communes confondues, dans les écoles élémentaires, et de 1 pour 20 élèves dans les écoles maternelles, et plus précisément 1 pour 10 élèves dans les communes de moins de 5 000 habitants et de 1 pour 6 élèves dans les communes rurales pour les élémentaires. Ces derniers chiffres rejoignent les statistiques de l’Éducation nationale.
  • Les communes s’engagent financièrement de façon pluriannuelle sur des périodes qui s’étendent de une à trois années. C’est un véritable engagement politique qui s’inscrit dans la durée : de cette manière, le premier équipement arrêté financièrement et techniquement peut être suivi d’un renouvellement.
  • La programmation d’équipement est réalisée sur des choix techniques tournant autour de la nature des équipements, le nombre et le type d’utilisation, le mode d’installation et le renouvellement.
  • On constate aussi que le choix varie selon l’académie et relativise la notion de ratio par rapport au nombre d’ordinateurs. On est aujourd’hui sur la création de classes mobiles qui permet d’obtenir un équipement plus élevé par élève (après être passé par la salle informatique et 2-3 ordinateurs en fond de classe, nous reparlerons de ces difficultés pour la collectivité de maintenir un cap dans la durée). N’oublions pas, dans ces équipements, les TBI ou les TNI qui entrent dans la même enveloppe budgétaire. Et – est-ce un effet de mode ? -, certaines communes expérimentent les tablettes tactiles pour les classes de maternelle. Même s’ils n’entrent pas pour les collectivités dans le budget d’investissement, n’oublions pas les ENT (Environnement numérique de travail). On constatait en 2011 qu’il y avait très peu d’ENT dans le 1er degré et, même si cela a progressé, cela reste marginal. Le coût en fonctionnement en est certainement la raison mais aussi les retours sur le terrain des ENT du second degré.
  • La mise en réseau et l’accès à internet sont aujourd’hui quasiment généralisés : 98,76 % des écoles élémentaires dont 94,27 % par une connexion à haut débit.
  • Les critères de choix des dotations. On peut retenir trois tendances :
    • Une répartition équitable entre les établissements, pondérée parfois par une discrimination positive au profit des écoles en réseau ECLAIR ou en ZUS.
    • L’utilisation d’appels à projets pour garantir une réelle implication des acteurs dans l’utilisation des matériels au profit des enfants.
    • Ou tout simplement une combinaison des choix.

Le numérique, un sujet à investir pour interroger les politiques éducatives et le modèle d’école et de société que nous voulons tous ensemble pour demain

Pour le Service public de l’Éducation nationale, le numérique interroge :

  • Sur la finalité de notre politique éducative – le numérique est-il par exemple un acteur de la réussite de tous ou un outil de lutte contre l’échec scolaire ?
  • Sur les pratiques pédagogiques et les outils des enseignants dans les échanges que nous avons avec les enseignants.
  • Sur l’accompagnement des équipes : quelle formation ? qui s’occupe de la logistique et du matériel ?
  • Sur les inégalités des territoires dans l’accès aux TICE, dans les dotations en matériel et logiciels sur le plan national.
  • Sur la place des parents dans cette politique car on pourrait avoir tendance à les oublier, et pourtant ils sont les premiers éducateurs. Les collectivités ne peuvent faire l’impasse de penser aux familles qui n’ont pas accès à internet en termes de ressource physique ou de savoir-faire.

Et la solution se trouve sans doute dans l’ouverture des établissements, la mise en libre accès des ordinateurs, avec une assistance et un accompagnement. Le débat est ouvert.

Pour les collectivités territoriales, le numérique doit conduire :

  • À la mise en perspective de l’ensemble des politiques sectorielles au-delà du seul cadre scolaire (petite enfance, enfance, jeunesse, culture, information et documentation, emploi, sécurité…) et à leur inscription dans un projet éducatif global.
  • À une réflexion sur la conception des équipements scolaires de demain (avec l’inclusion en leur sein d’établissements d’accueil du jeune enfant,  la participation des usagers) et la mise en place d’un réseau global territorial entre équipements publics (médiathèques, écoles, ALSH, maison de l’emploi, point cyb et le domicile des familles).
  • À une réflexion sur le service rendu.
  • À s’interroger sur la faculté de mutualiser des matériels. Certes, ouvrir l’école et utiliser les ordinateurs en dehors du temps scolaire est compliqué mais investir autant pour 140 jours par an d’utilisation, est-ce raisonnable, quand l’argent public devient rare ? La pérennité des investissements est une question primordiale !

Nicolas Debucquet
Secrétaire national de l’ANDEV

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